Pour sa 16ème édition, le forum MEDays a choisi comme mots-clés : « Souveraineté et Résilience ». Le président de la confédération nationale du patronat malien (CNPM), Mossadeck Bally, estime cette thématique est plus que jamais pertinente. Selon lui, la souveraineté n'est pas un objectif à court terme, mais un processus de longue haleine qui se construit patiemment sur plusieurs décennies. Que ce soit dans les domaines alimentaire, politique, institutionnel ou militaire, la souveraineté nécessite une approche stratégique et un travail progressif. Cependant, pour que cette souveraineté prenne véritablement forme, la résilience économique en constitue un facteur clé. Mossadeck Bally a mis l'accent sur l'interdépendance entre souveraineté et résilience, affirmant que la véritable résilience d'un pays repose avant tout sur sa solidité économique. Cette résilience se bâtit sur des bases solides, telles que l'élargissement des marges budgétaires des Etats, l'expansion des économies locales, et surtout, la création de perspectives d'emploi pour les jeunes générations. Ce sont ces leviers, selon lui, qui permettront à l'Afrique de poser les fondations d'une souveraineté durable et indépendante. L'initiative royale pour l'Atlantique. Un modèle pour l'intégration régionale Parmi les initiatives qui participent activement à la construction de cette souveraineté, Mossadeck Bally a salué le projet structurant du Maroc, visant à renforcer l'intégration des pays du Sahel, notamment le Mali, au sein de projets d'envergure régionale. Un exemple emblématique est le projet de corridor reliant Dakhla, son port en eau profonde, et l'autoroute qui traverse la région. "Ce projet ne se limite pas à une dimension locale, mais ouvre des perspectives commerciales globales, facilitant les échanges entre le Maroc, les pays subsahariens et l'Europe", a-t-il noté. Ce projet, selon le président de la CNPM, constitue un modèle d'intégration économique et de coopération régionale, qui pourrait inspirer d'autres initiatives similaires à travers le continent. Mossadeck Bally a insisté sur l'importance de ce corridor, qui ne facilitera pas seulement les échanges commerciaux mais permettra également à des produits africains d'atteindre plus facilement l'Europe, contribuant ainsi à renforcer les relations commerciales et à stimuler l'économie régionale. Le défi des infrastructures, une urgence de rattrapage Pour Mossadeck Bally, la résilience économique de l'Afrique passe impérativement par la construction d'infrastructures solides : "Il nous faut des routes, des ponts, des ports, des aéroports, des zones industrielles", a-t-il précisé. Le retard du continent en matière d'infrastructures représente un obstacle majeur à son développement. Selon la Banque africaine de développement (BAD), il faudrait investir 150 milliards de dollars par an pour combler ce retard, tandis que les investissements actuels ne dépassent pas 30 milliards. "Cette situation crée un fossé économique qu'il est urgent de combler", a-t-il ajouté. L'énergie est également au cœur de cette réflexion. Mossadeck Bally a rappelé que près de 600 millions d'Africains n'ont toujours pas accès à l'électricité, et a insisté sur la nécessité d'un investissement massif dans les infrastructures énergétiques, en particulier dans les énergies renouvelables. À cet égard, il a salué le modèle du Maroc, qui a fait des énergies renouvelables un secteur stratégique, grâce à une politique énergétique ambitieuse et à la vision royale. L'intégration continentale, un impératif stratégique Cependant, le plus grand défi pour l'Afrique demeure l'intégration continentale. Mossadeck Bally a comparé l'état actuel du continent à un miroir brisé, un espace autrefois uni, aujourd'hui fragmenté par des siècles d'esclavage et de colonisation. Selon lui, l'Afrique doit impérativement se reconstruire en tant qu'entité unifiée. Il cite l'Union européenne, qui a réussi son intégration économique en unissant 27 pays, ainsi que d'autres exemples comme l'Amérique du Nord avec l'ALENA et l'Amérique du Sud avec le Mercosur. L'intégration économique du continent, via la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), est, selon le président de la CNPM, une condition sine qua non pour que l'Afrique devienne un acteur incontournable sur la scène économique mondiale. "Les 54 pays du continent, avec leurs petites économies et populations, doivent surmonter leurs divisions pour construire un marché unique", a-t-il expliqué. Avec une population estimée à 2,5 milliards de personnes d'ici 25 ans et une superficie économique de 30 millions de kilomètres carrés, l'Afrique pourrait devenir la première puissance économique mondiale, à condition de réussir son intégration.