«Bring back our girls ». Aux quatre coins du monde, des femmes brandissent cette pancarte pour demander la libération des 200 lycéennes nigérianes enlevées par Boko Haram, le 14 avril 2014. Aussi, l'impopulaire Goodluck Jonathan, le président du Nigéria, a dû se résoudre à oublier son nationalisme si sourcilleux, à ne plus totalement rejeter la proposition du groupe islamiste radical d'échanger des adolescentes contre la libération de djihadistes emprisonnés et à accepter l'aide des Occidentaux pour tenter de retrouver les infortunées écolières dont certaines n'ont que 12 ans. Des dizaines d'agents de renseignements américains, britanniques (l'ancien colonisateur) et français sont arrivés dans le nord du Nigeria. La Chine et Israël ont proposé leur aide. Tout ce que le monde du renseignement occidental compte comme agents sur le continent noir devraient s'associer, au moins officiellement, au lieu de se faire livrer à leur habituelle guerre feutrée. Des avions américains survolent les zones du nord du pays où le groupe radical pourrait cacher les adolescentes. Le 17 mai, Goodluck Jonathan et les présidents du Cameroun, du Niger, du Tchad et du Bénin doivent se retrouver à Paris à l'invitation de François Hollande. Le président français a aussi lancé l'invitation aux Américains et aux Britanniques. Son objectif : mettre en place, sous sa houlette, une sorte de « conseil de guerre » contre le terrorisme. Pour François Hollande, plus chanceux en politique étrangère qu'en politique intérieure, cette situation est du pain béni. L'intervention militaire française au Mali (opération Serval), en janvier 2013, a été un succès, même si les groupes armés n'ont pas totalement disparu de la région. L'opération Sangaris, en Centrafrique, a été moins réussie. Elle a néanmoins permis d'éviter le pire, même si les morts sont nombreux et que de nombreux musulmans, faute de sécurité, ont dû quitter Bangui et le sud du pays. Paris estime que cette période est terminée : les opérations ponctuelles ne suffisent plus. Au nord du Mali, les groupes islamistes après s'êtres repliés en Libye, reviennent au Sahel en franchissant les frontières poreuses du Niger, du Tchad et du Mali. De son côté, les hommes de Boko Haram, dont certains éléments ont reçu une formation militaire dans les camps d'Aqmi au nord du Mali en 2011 et 2012, se promènent en toute impunité au nord du Cameroun (ils y ont enlevé des Français à deux reprises), au sud du Niger et du Tchad. François Hollande a donc décidé de redéployer les troupes françaises dans toute la région. 3000 hommes vont y rester en permanence, dont 1000 soldats stationnés à Gao et Tessalit, au Mali ; d'autres, dans l'extrêmenord du Niger et du Tchad (à Faya-Largeau et Zouar), pour contrôler la frontière libyenne. Deux points d'appui : Ouagadougou et Dakar (350 hommes) où a été signé, en avril 2012, un nouvel accord de coopération militaire. Et en Afrique centrale, la base de Libreville abrite des avions français qui peuvent intervenir rapidement. Très manifestement, la coopération devrait se renforcer avec les Américains présents à Dakar et aussi soucieux que les Français d'éviter que ne naisse un Sahel qui deviendrait une poudrière ❚