Le Tribunal Administratif de Rabat a rendu un verdict historique en condamnant l'Etat à indemniser une citoyenne marocaine victime des effets secondaires attribués au vaccin AstraZeneca. Cette décision, rendue en première instance le 9 février 2024, oblige l'Etat marocain à verser 250.000 DH à la plaignante. Les faits Professeur universitaire à la faculté des sciences de Rabat, la plaignante avait saisi la justice le 23 juin 2022. D'après le résumé du jugement, N.T a reçu la première dose du vaccin d'AstraZeneca le 5 février 2021, tout comme ses collègues, dans le cadre d'une campagne de vaccination initiée par l'Université et ciblant ses ressources humaines. Quelques jours après cette première dose, commence le calvaire de la professeur. De graves effets secondaires, selon son témoignage, ont commencé à se manifester : ça a commencé par des malaises, puis par des douleurs de plus en plus intenses aux membres inférieurs devenus progressivement impotents avant d'aboutir à une paralysie. La plaignante développe également une paralysie faciale du côté gauche. L'effet D'après les rapports médicaux fournis par la plaignante et délivrés par le centre anti-poison et des médecins spécialistes (datant du 4 et 19 mars 2021), N.T souffrait du Syndrome de Guillain-Barré, une maladie neurologique auto-immune qui se caractérise par une paralysie progressive. Une affection rare dans laquelle le système immunitaire du patient attaque les nerfs périphériques. Cette maladie provoque une faiblesse musculaire qui s'aggrave généralement en quelques jours à quelques semaines. Les scientifiques pensent que le syndrome de Guillain-Barré est provoqué par une réaction auto-immune. Une maladie qui a par ailleurs bouleversé la vie et la carrière de la professeur universitaire qui, en plus des lourds symptômes de sa maladie, a plongé dans une dépression sévère comme l'explique-t-on dans le texte du jugement. Le verdict Admettant la relation de cause à effet entre la prise de la première dose du vaccin et la maladie de la plaignante, le tribunal administratif a reconnu finalement dans son jugement son droit au dédommagement. Ceci sans reconnaître pour autant la responsabilité directe de l'Etat dans ce que lui est arrivé. Cette sentence prend toute son ampleur dans le contexte actuel marqué par le retrait du vaccin AstraZeneca du marché par le fabricant lui-même. Une décision qui a provoqué controverse et polémique dans le monde et en particulier dans les pays fait appel à ce vaccin dans leurs campagnes de vaccination anti-Covid-19. Interrogé jeudi à ce propos, Mustapha Baitas, le porte-parole du gouvernement, a affirmé que " Tous les vaccins disponibles au Maroc sont homologués et approuvés par les comités scientifiques habilités ". S'exprimant lors de la conférence de presse suivant le Conseil du gouvernement, Baitas a affirmé que " Le gouvernement n'a aucun problème à se rendre au Parlement et à répondre à toutes questions ". L'OMS savait... À rappeler, le groupe pharmaceutique britannique AstraZeneca a annoncé mercredi dernier le retrait du marché de son vaccin anti-Covid-19. L'un des premiers vaccins mis sur le marché pour contrer la pandémie, AstraZeneca est au cœur de la tourmente depuis que le laboratoire lui-même a reconnu, dans des documents judiciaires, la gravité de ses effets secondaires. Des effets qui ne sont d'ailleurs pas évoqués pour la première fois lors de ce procès. Dans un document dédié à ce vaccin, datant du 13 juin 2022 et toujours consultable sur son site officiel, l'OMS évoque deux graves effets secondaires. " De très rares événements indésirables, appelés " Syndrome de thrombose -thrombocytopénie " (TTS) et entraînant des troubles inhabituels et graves de la coagulation sanguine ont été signalés après l'administration du vaccin ", note l'OMS. Cette dernière corrobore la plainte de la professeur marocaine en évoquant également " De très rares cas du syndrome de Guillain-Barré (SGB) qui ont été signalés après la vaccination. Cependant, une relation de cause à effet avec le vaccin n'a été ni confirmée ni infirmée "; relativise l'organisation mondiale.