La crise internationale a permis une détente des cours des matières premières et, de facto, des pressions inflationnistes sur le Maroc. Elle a eu des effets récessionnistes sur quelques secteurs économiques. Baisse de 25% de l'activité touristique tassement des investissements directs étrangers, recul de 12,1% des transferts des MRE ainsi que des activités de service, baisse des exportations et déstabilisation des secteurs de l'équipement et de l'automobile, suppression de poste d'emploi, fermeture des agences bancaires sont les premières retombées de la crise économique mondiale sur l'économie nationale durant l'année 2009. L'impact de ces éléments est mécanique sur le déficit de la balance des paiements et, par ricochet, sur le déficit de la balance commerciale. Ceci se traduira par un effet restrictif sur la liquidité bancaire. Ce n'est pas Abdellatif Jouahri,gouverneur de Bank Al Maghrib, qui dit le contraire. «Comparativement à l'exercice écoulé, 2009 serait moins liquide. C'est la confirmation d'un déficit bancaire structurel», a fait valoir le gouverneur de la Banque Centrale, lors de la dernière réunion trimestrielle du conseil de la banque. D'un mois à l'autre, le manque des liquidités s'accentue. En dépit de la diminution de la réserve monétaire de 4,8 milliards de DH, le déficit des trésoreries bancaires s'est fixé en juillet à 22,3 milliards de DH contre 21,8 milliards un mois auparavant. D'après Mohammed Berrada, analyste financier et ex-trader, cette cadence continuerait d'être tirée, surtout, par le ralentissement des crédits à l'économie, sous-tendu par le fléchissement attendu de l'investissement et de la consommation privés. Pour rappel, toutes catégories confondues, les crédits bancaires ont sensiblement ralenti au premier trimestre 2009, après avoir évolué sur un sentier de forte croissance, avec un pic au troisième trimestre 2008. En effet, les derniers chiffres publiés par la Banque centrale au titre du mois de juillet 2009 font état d'un taux d'accroissement annuel du crédit bancaire de l'ordre de 15,6% seulement, contre 19,2% pour les cinq premiers mois de l'année en cours. A noter que ce net ralentissement a été enregistré en dépit d'une hausse mensuelle de 2,6% du crédit bancaire, soit la plus forte performance depuis le début de l'année. Cautions sans couleur économique Face à un déficit de l'ordre de 10 milliards de DH, la Banque centrale continue de veiller au chevet du marché monétaire. Lors de sa dernière sortie médiatique, A. Jouahri considère que le problème qui risque de se poser concerne plutôt les réserves en devises. Les liquidités en dirhams restent suffisantes pour notre système grâce à une réserve monétaire sur constituée et des interventions de Bank Al-Maghrib couvrant tous les besoins des banques. Par l'entremise en effet de ses interventions, Bank Al-Maghrib continue d'injecter des liquidités. Ainsi, l'institut d'émission a alimenté le compartiment avec un montant de 23 milliards DH à travers les avances à 7 jours sur appel d'offres au taux de 3,25%. Parallèlement, le taux d'intérêt moyen sur le marché interbancaire est revenu à 3,11%, accusant une baisse de 15 points de base, en relation essentiellement avec le fléchissement observé vers la fin de la période de constitution de la réserve monétaire. Lors de l'appel d'offres pour les avances à 7 jours au taux de 3,25% du 22 juillet 2009 (date de valeur le 23 juillet 2009), Bank Al-Maghrib a accordé 19 milliards DH sur un montant demandé par les banques de 25,1 milliards DH. Quant au taux de la réserve monétaire, il a, de nouveau, été abaissé de 2 points de base, en se ramenant à 10% seulement. L'objectif était de réduire les tensions sur les liquidités bancaires. Il semble que le gouverneur de Bank Al Maghrib, souhaite confirmer ce qu'il a toujours réitéré lors de toute ses sorties médiatiques. «Les fondamentaux du Maroc sont solides», affirme A. Jouahri. Le Maroc est certes à l'abri de la crise sur le plan financier mais sur le plan économique, il ne peut qu'être impacté. D'ailleurs le tassement de la croissance économique se fait que se confirmer d'un mois à un autre. La cadence économique baissière continuerait d'être tirée, surtout, par le ralentissement des crédits à l'économie, sous-tendu par le fléchissement attendu de l'investissement et de la consommation privés. Il reste à savoir si les seules mesures monétaires sont suffisante pour renforcer les fondamentaux de l'économie nationale. Intervenant lors d'une conférence de presse tenue à l'occasion de la crise mondiale au mois de mars dernier, Mohamed El Kettani, président directeur général de Attijariwafa Bank, a commencé par préciser que la réponse à la question de savoir quelle serait la durée ou la portée de cette crise sur le monde, les pays émergents et notre pays «relève du domaine de l'impossible. Par contre, l'attitude raisonnable consiste à chercher à comprendre ses origines». Une crise qui bouleverse, certes, le monde entier et notamment les banques qui se retrouvent dans l'il du cyclone, annonçant ainsi la fin d'une ère et le commencement d'une autre, ajoute le Président. Dans son discours du trône, le Roi a attiré l'attention devant le risque de la crise mondiale en appelant à redynamiser les exportations et à préserver ces équilibres financiers extérieurs. La solution proposée par le Souverain consiste à susciter une interaction féconde entre les différents plans, permettant au produit marocain de gagner en qualité et en compétitivité. Il s'agit là, sans le moindre doute, d'un appel pressant formulé pour que l'Exécutif puisse harmoniser les stratégies sectorielles mises en place. Stratégies qui semblent pécher par un manque d'intégration.