Les partenariats public-privé (PPP) sont-ils une option viable à long terme et quels sont les enjeux et les opportunités qui les accompagnent ? Cette question a été abordée lors d'un webinaire de la Britcham intitulé « Levier de croissance : Investissement stratégique PPP ». Selon Mohamed Benatiya Andaloussi, chef du service des études et évaluation au sein de la DEPP, les PPP nécessitent une évaluation préalable des projets pour justifier leur utilisation. La loi n°46-18 a apporté des amendements pour rendre ces contrats plus flexibles, élargissant leur champ d'application et simplifiant certaines procédures. Il cite ainsi l'élargissement du champ d'application aux autres personnes publiques, une gouvernance adaptée aux spécificités régionales et locales, l'institution d'une « Commission National de Partenariat Public-Privé » auprès du chef de Gouvernement, la simplification du processus de l'offre spontanée et de clarification des conditions de recours à la procédure négociée ainsi que de l'harmonisation des dispositions de la loi avec celles des lois sectorielles qui prévoient le recours aux contrats de PPP. Défis à relever Le responsable précise également que les principaux défis des projets PPP résident dans le cadre juridique et institutionnel mais aussi opérationnel. « Les porteurs de projet doivent recruter les bons conseillers afin d'établir la bonne stratégie étant donné la complexité des contrats », insiste t-il en mettant l'accent aussi sur l'importance d'avoir une certaine complémentarité entre public et privé qui dispose d'un savoir-faire et une forte expérience dans le domaine. Sur le rôle de la DEPP il ajoute qu'elle a pour principal objectif d'assouplir davantage les procédures en vigueur en matière des PPP et de renforcer les performances des secteurs public et privé pour une mise à contribution de tous les acteurs au développement socioéconomique du pays et pour permettre à tous les secteurs d'y participer. Secteurs divers Aujourd'hui, les PPP couvrent divers secteurs, notamment la gestion des services publics, l'agriculture, la santé et l'enseignement. Mustapha Chehhar, directeur du marché Agri-Agro au Groupe Crédit Agricole du Maroc, souligne que l'agriculture, en particulier, a besoin de ces montages pour faire face au changement climatique et au stress hydrique, citant l'exemple du projet sauvegarde de la zone agricole d'El Guerdane. Un projet de transfert d'un volume d'eau d'appointe de 45 millions de m3 à partir du complexe barrage Aoulouz-El Mokhtar Soussi, pour assurer l'irrigation de 10 000 ha d'agrumes au profit de 722 agriculteurs dans la zone du projet et la généralisation de l'irrigation en goutte à goutte. Le projet PPP est financé majoritairement par le Crédit Agricole du Maroc afin de répondre à une problématique permettant ainsi l'introduction d'une nouvelle génération d'entrepreneurs agriculteurs modernes grâce à la mobilisation du foncier dans le cadre des projets PPP. Le directeur Abdenaser Rechdani, directeur au sein de la Banque du Corporate au Crédit Agricole du Maroc , assure quant à lui que ces montages PPP permettent aux citoyens d'avoir accès à des infrastructures et des prestations de haut niveau, gérées de façon rationnelle et efficiente. Potentiel du secteur de l'énergie Le secteur de l'énergie au Maroc offre des opportunités importantes, en particulier dans les énergies renouvelables, avec des objectifs ambitieux à atteindre d'ici 2030. L'hydrogène est un volet clé de cette stratégie, avec un fort potentiel d'exportation d'hydrogène vert. Plusieurs projets et partenariats sont en cours pour développer cette filière. Le groupe MASEN travaille ainsi sur une offre d'Hydrogène en cours de validation par Sa Majesté le Roi Mohamed VI et qui sera dévoilée par le ministère concerné avec tout un processus encourageant ainsi les investisseurs étrangers à s'installer au Maroc. Plusieurs actions ont d'ores et déjà été initiées et plusieurs partenariats conclus en faveur de l'Hydrogène vert notamment celui de Maroc-Allemagne conclu le 10 Juin 2020 à Berlin et qui permettra au Maroc de développer un premier projet pilote permettant ainsi un transfert de connaissance. D'autres projets sont en cours également comme la mise en place d'une feuille de route commune, signée lors de la COP22 avec 5 autres pays et qui sera revue lors de la COP 2027 afin d'opérationnaliser l'ambition d'échange fluide d'énergie verte.