Lors de son discours à l'occasion de la fête de dix ans de règne, le Roi Mohammed VI a bien souligné «l'économie du savoir». Quelle lecture peut-on faire à cette volonté économique? Contacté à ce sujet, Souad Terrab, conseillère du ministre de l'Industrie, a déclaré qu'avec la mondialisation des échanges, l'enjeu pour l'économie marocaine est de relever le niveau de productivité des investissements en promouvant fortement les connaissances scientifiques et techniques. Elle ajoute que la société de l'information constitue un outil de performance économique, un facteur de compétitivité et de consolidation du rayonnement du Maroc au sein du concert des nations modernes. Il s'agit d'un outil d'influence permettant de scruter les concurrents, les opportunités d'affaires, les technologies. Selon la conseillère du ministre, l'économie du savoir est un impératif de premier plan pour les acteurs exposés à la compétition mondiale. Autrement dit, le challenge que le Maroc se doit de relever est celui d'entrer dans l'économie du savoir, s'il veut conquérir de nouveaux marchés (ou peut-être seulement se maintenir dans ceux déjà conquis), donc avoir sa part dans le commerce mondial. Pour ce faire, il faut développer une industrie TIC nationale compétitive. S. Terrab, précise que c'est dans les TIC, et les domaines d'activités qui leur sont reliés, que se concentret la majorité des investissements productifs, des échanges de services et des opportunités pour l'emploi. De son côté, Latifa Chihabi, directeur de l'ANPME, a déclaré que faire émerger une économie du savoir c'est attirer les investissements et permettre l'émergence d'une industrie TIC nationale compétitive d'exportation et de création d'emplois. «La promotion de l'investissement, la fluidification des échanges et la baisse des coûts afférents aux transactions constituent les fondements de nouveaux marchés de services où l'information est à la fois matière première et produit fini», ajoute la directrice de l'ANPME. Rappelant qu'au Maroc, les PME réalisent plus de 40 % du chiffre d'affaires du secteur industriel et emploient plus de 50% de la main-d'uvre. Les experts marocains voient, donc, dans la PME la source de «stratégies nouvelles de croissance et de développement» pour le Maroc. Ainsi, la réactivité des PME aux changements de leur environnement devient une condition importante de développement. L. Chihabi, souligne que la création d'une véritable industrie des TIC productive et compétitive, conjuguée à l'identification et au renforcement de niches à forte valeur ajoutée, devra permettre au Maroc d'accélérer son positionnement à l'échelle internationale. Ainsi, l'ambition du ministère de l'Industrie est de rehausser de manière significative la part des TIC dans le PIB et de concrétiser toutes les opportunités créatrices d'emplois directs et indirects dans ce domaine (environ 150.000 emplois en 2013). A l'horizon 2010, il s'agit de faire en sorte que la part des TIC dans le PIB atteigne 10%, avec un chiffre d'affaires potentiel estimé, pour la même période, à 2 milliards de dollars. Il est clair que le défi à relever est de développer davantage l'industrie des TIC, que ce soit pour la production de biens (matériels, logiciels, etc.), ou celle des services (informatiques et réseautiques). Avenir à préparer Pour atteindre les objectifs, des actions ont été proposées comme la mise en uvre d'une politique publique d'aide à l'innovation et à la création de valeur ajoutée, la mise en place de lieux dédiés (technopole de niveau international, zones d'accueil intelligentes), le financement des nouveaux incubateurs et des projets R et D en partenariat avec les universités, les écoles d'ingénieurs, l'OFPPT et les grands groupes nationaux. Malgré tous les efforts consentis et les dernières avancées enregistrée, les chiffres qui étayent les différents rapports nationaux et/ou internationaux sur l'état des TIC dans le royaume sont sans appel. Ainsi, dans le classement NRI qui relève «le degré de préparation d'une nation ou d'une communauté à participer et à bénéficier des développements des TIC», le Maroc figure en 52e position derrière des pays tels que la Turquie, la Tunisie ou encore la Jordanie. Il faut dire que le contexte de l'émergence d'une économie du savoir est préoccupant. L'éducation et la formation dans et pour une économie du savoir sont montrées du doigt. Au cur de cette priorité se trouvent les différents établissements d'enseignement public, où, et malgré les efforts indéniables consentis, le niveau d'équipement informatique reste encore très faible. Rappelons qu'un programme de généralisation, des équipements informatiques multi-médias et des connexions Internet aux écoles, collèges et lycées devrait, aider les systèmes d'éducation et de formation à intégrer les TIC aussi bien dans les conceptions d'apprentissage que dans les pratiques d'enseignement. Valeur aujourd'hui, la formation initiale aux métiers des TIC et efforts de reconversion des diplômés en recherche d'emploi et au développement de l'enseignement privé, sont encore loin de répondre aux besoins en compétences capables de travailler dans le contexte d'une économie du savoir. La formation n'est pas le seul facteur défavorable. Il y a également de clairs indies d'un clivage social. L'accès à la Société de l'information reste inégal. Infrastructures de télécommunications non généralisées, coût de l'accès à Internet, cadre légal et réglementaire peu adapté, insuffisances des systèmes d'éduction et de formation, contenu numérisé à la fois insuffisant et peu adapté, appui financier intermittent, et faible dynamisme du secteur privé ne sont pas les seules causes qui empêchent encore notre pays de profiter des leviers des TIC. D'après L. Chihabi, dans un grand nombre de cas, la petite taille des entreprises TIC limite les ressources qu'elles peuvent consacrer à leurs activités de commercialisation. Cet état de fait impose un frein considérable à la croissance du secteur, surtout qu'il s'agit de produits difficilement rentabilisables sur le seul marché marocain. La mise enuvre d'un fonds de co-financement spécialisé PME/PMI TIC est primordiale. Mais, plus précisément encore, l'économie du savoir nécessaire aux stratégies de développement des PME et des territoires doit être coproduite par les entreprises, les professions, les collectivités locales et les centres de ressources au sein de véritables clusters à organiser. Selon Hammad Kassal, ex-président de la fédération de la PME-PMI, fini l'ère des cathédrales bâties dans le désert.