« Face au renforcement des plateformes numériques comme source d'information, il faut préserver le rôle du journalisme comme vecteur et espace du débat public », c'est ainsi que Latifa Akharbach, la présidente de la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA) a défendu la cause du journalisme au Global Media Forum. Organisé par la Deutsche Welle, l'événement se tient les19 et 20 juin 2023 à Bonn en Allemagne. Concurrence déloyale Intervenant dans la session intitulée « Perspectives des médias concernant les lignes directrices de l'UNESCO pour la régulation des plateformes numériques », AKharbach a rappelé l'importance de préserver le débat public comme moyen pour construire le consensus et pour assurer le bon fonctionnement démocratique. « Une organisation collective dans laquelle le journaliste joue un rôle réflexif et médiateur fondamental », insiste la présidente de la HACA. D'après cette dernière, si les réseaux sociaux ont facilité l'accès à l'information et la liberté d'expression, « ils ont cependant favorisé l'émergence d'un nouvel espace d'interaction et d'exercice de la parole publique où se sont développées plusieurs pratiques au détriment de la culture et des valeurs démocratiques » argumente Akharbach. Déontologie en péril La responsable marocaine décrit un débat public «perverti et mis en péril » par des réseaux sociaux s'apparentant de plus en plus à une arène numérique marquée par « l'outrance, le discours de haine, la brutalité verbale, l'instrumentalisation de l'émotion... » fustige la présidente de la HACA. Des contre-valeurs qui sont tout à fait en rupture avec l'éthique journalistique et ses codes déontologiques. « Si, comme le plaide l'Unesco, l'information doit être restaurée dans son statut de bien public, le journalisme de confiance doit être réhabilité professionnellement et économiquement dans l'écosystème global de l'information » plaide-t-elle en saluant les efforts de l'organisation onusienne. Le Global Media Forum a été lancé pour la première fois en 2007. Chaque année, il voit la participation d'éminents experts des médias et de l'univers numérique venant des différents continents, de responsables de l'Unesco ainsi que de journalistes spécialisés dans les technologies de l'information.