« En excluant les phosphates et certains minerais, le secteur extractif national reste généralement très enclavé et ne présente que de très faibles liens avec le secteur de l'industrie », révèle le CESE dans son avis portant sur « Les minerais stratégiques et critiques contributeurs à la souveraineté industrielle du Maroc». Le conseil ajoute qu'une valorisation insuffisante des minerais localement réduit l'impact domestique de l'accélération industrielle du pays et affecte négativement sa balance commerciale. « Cette situation compromet la souveraineté industrielle nationale et perpétue les faiblesses de l'économie de notre pays en matière de diversification des sources de croissance, d'emploi et de revenu et limite le niveau de sophistication de la production et des exportations », avertit le CESE. Dans son avis, le CESE aborde la question des minerais à caractère stratégique et/ou critique pour le cas du Maroc. Il ne s'agit pas d'analyser le secteur minier national dans sa globalité, mais d'examiner, selon une vision prospective, l'écosystème de cette catégorie de minerais et son impact sur l'industrialisation et le développement de notre pays. Des obstacles à lever Dans cet avis, le CESE a pointé du doigt un certain nombre d'obstacles entravant le développement d'un écosystème des minerais stratégiques et critiques, en particulier en matière d'importation et de valorisation. C'est ainsi que le conseil déplore l'existence d'un modèle essentiellement tourné vers l'export de concentrés et de produits bruts (hors phosphates et cobalt principalement) avec une faible synergie avec le secteur industriel. Aussi, on note une forte dépendance aux importations pour la plupart des minerais avec une concentration géographique des fournisseurs pour de nombreux minerais critiques notamment dans des pays connaissant des revirements politiques et géostratégiques. Le CESE met l'accent également sur des obstacles à caractère transverse à l'ensemble du secteur minier comme la taille (moyenne et petite) des gisements à l'exception des phosphates, l'absence d'incitations fiscales spécifiques aux activités minières, la lourdeur et la complexité des procédures de gestion du patrimoine minier, ainsi que les difficultés liées à l'accès à un financement adapté notamment pour TPE et les PME opérant dans le secteur minier (sociétés juniors). Dans son avis, le conseil regrette la non publication, de la part des autorités publiques, d'une liste officielle des minerais stratégiques et critiques pour le pays. Il propose ainsi, partant du diagnostic réalisé, une liste exploratoire comprenant 24 minerais stratégiques et critiques pour le pays tenant en compte la conjoncture nationale, les capacités minières ainsi que les orientations et choix sectoriels qui seront faits par le Maroc notamment dans le cadre du nouveau modèle de développement. Des défis à relever Le CESE a formulé plusieurs recommandations permettant de relever cinq défis majeurs. Il s'agit d'abord d'encourager l'exploration minière. Ensuite, le conseil préconise de sécuriser et diversifier les sources d'importation des minerais stratégiques et critiques et constituer des stocks stratégiques de sécurité minière en vue de répondre aux besoins de développement et de souveraineté. Autres défis à relever selon le conseil, le renforcement de la valorisation nationale de ces minerais à travers l'institutionnalisation systématique de la coordination et des synergies entre les acteurs du secteur minier et du secteur industriel en veillant à mettre place des mécanismes de financement et des incitations fiscales adaptés pour assurer un meilleur positionnement du Maroc dans les chaînes de valeur mondiales y afférentes. Parallèlement, le CESE insiste sur la nécessité d'encourager la recherche et développement ainsi que les activités industrielles relatives au recyclage et la recherche d'alternatives aux minerais stratégiques, notamment à travers l'industrialisation de matériaux innovants. « Veiller au respect les engagements sociaux et environnementaux et à l'inclusion la population dans les projets d'exploitation minière devrait aussi être une priorité, conclut le CESE