Dans un nouvel avis, le Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE) a appelé au développement des minerais stratégiques. Un secteur peu exploité par l'industrie nationale. Détails. Après avoir scruté la situation des Marocains du Monde, le CESE a jugé opportun de scruter un secteur dont on ne parle que peu. Il s'agit des minerais dits « stratégiques et critiques ». Sur la base de quinze auditions et plusieurs visites de terrain, le CESE a livré les conclusions de son étude où il a apprécié les atouts et les défis de ce secteur, jugé capable de contribuer au développement de la souveraineté industrielle pourvu qu'il bénéficie d'une politique proactive. « C'est un atout majeur aux yeux du Conseil pour la souveraineté industrielle», a fait savoir le président du Conseil, Mohammed Réda Chami, dans son allocution inaugurale, ajoutant que les minerais en question sont d'autant plus importants qu'ils sont indispensables pour relever la bataille de la transition énergétique par le biais de l'industrie. L'importance de ce secteur s'est illustrée dès le début des années 2000 avec l'essor de l'industrie numérique et électronique qui a augmenté la demande sur les métaux précieux. Si le Maroc doit accorder une importance majeure à ce secteur, c'est parce qu'il représente l'avenir puisque la décarbonation de l'économie mondiale entraînera de facto une demande massive sur les minerais. En témoignent les estimations de l'Agence atomique internationale, qui prévoit que les besoins pourraient doubler en 2040, voire même se multiplier par six d'ici 2050. Au Maroc, il s'agit d'un secteur traditionnellement ancré dans l'économie nationale, comme l'a fait savoir le rapporteur de l'avis du Conseil, Abdellah Moutaki. Le secteur affiche un chiffre d'affaires de 100 MMDH et contribue au PIB à hauteur de 10%. Le CESE a identifié 24 minerais stratégiques pour le Maroc, mais il s'agit d'une liste susceptible d'évoluer en fonction du progrès de la technologie. En revanche, plus de sept minerais sont difficilement trouvables pour notre pays, vu les difficultés d'approvisionnement. Pour cette raison, le CESE a recommandé également de réduire la dépendance vis-à-vis de l'étranger. Un secteur peu exploré hors phosphates Actuellement, à l'exception des phosphates, les gisements de mines sont généralement de taille moyenne ou petite, ce qui signifie que le secteur est peu exploré au-delà des phosphates. La majorité des entreprises qui y opèrent sont en majorité des PME et des TPE. La production nationale hors phosphates a stagné, voire régressé, durant la dernière décennie, ce qui pousse le Maroc à importer totalement plus de 17 minerais sur 24. En plus de cela, il existe une faible interconnexion entre les minerais et l'industrie nationale. Le CESE signale plusieurs secteurs opèrent en «isolement ». Cette faible liaison s'explique par plusieurs facteurs. Le Conseil cite le volume dérisoire des gisements actuels, à l'exception des phosphates. A quoi s'ajoute l'absence de vision sur le financement du plan « Maroc Mines » qui a pour objectif d'accroître la compétitivité du secteur d'ici 2030. En réalité, le manque de financement touche particulièrement les TPME qui peinent à se financer, contrairement aux grands opérateurs. Explorer le « Mont Tropic » Le Conseil Economique, Social et Environnemental juge que le Maroc est capable de relever le défi et de se positionner dans le secteur futuriste à condition qu'il ait une vision claire. Pour ce faire, le CESE a livré six pistes de réflexion. Il faut, d'abord, commencer par concevoir un modèle national en matière de gestion des ressources minérales en concertation avec toutes les parties concernées. Il convient, selon le rapport, d'encourager l'exploration minière et l'innovation. Sur ce point, le CESE a plaidé pour qu'il ait assez d'opérations d'exploration au niveau de l'espace maritime du, et notamment dans le fameux « Mont Tropic » afin de confirmer ou infirmer les rumeurs qui fusent de toutes parts sur son potentiel minier. "Au-delà des travaux sur le continent, le CESE note l'absence de toute investigation ou de toute information officielle sur le potentiel minier de l'espace maritime marocain, y compris celui du Mont Tropic", lit-on sur le rapport. Par ailleurs, il est urgent de promouvoir une meilleure convergence entre l'industrie et le secteur des métaux, du point de vue du Conseil qui plaide pour l'amélioration de l'attractivité du secteur minier pour les investisseurs à travers la simplification des procédures et des incitations fiscales. A cet égard, le CESE préconise une exonération de l'import sur les sociétés pour une durée déterminée. Tout cela pourra améliorer la production et la productivité d'autant que le Royaume dispose des compétences humaines qu'il suffit d'exploiter savamment. Les rédacteurs du rapport se sont réjouis du fait que le secteur est géré par des compétences 100% nationales. En parallèle, il est important, aux yeux des experts du CESE, de promouvoir la recherche et le développement.