Après une estimation prévue de 3,5% en janvier, la banque mondiale revoit ses prévisions à la baisse avec un taux de croissance 3,1% attendue en 2023 pour le Maroc. Le chiffre reste cependant supérieur par rapport aux pronostics publiés en 2022 (2,1%). «Le Maroc pourrait revivre le même scénario que l'année dernière avec un niveau de récoltes faible, réduisant la croissance économique que nous prévoyons pour 2023 de près d'un point de pourcentage», indique la BM, dans son rapport intitulé "Le Maroc face aux chocs d'offres". Les prévisions de la banque demeurent plus optimistes par rapport à celles émises par Bank Al Maghrib ou encore le FMI (3%), mais plutôt pessimistes que les prévisions avancées par le gouvernement (4%). L'institution de Bretton Woods prévoit également un repli de l'inflation à 4%, un déficit budgétaire de 4,6% contre 5,1% en 2022 et une hausse de 9% du Produit intérieur brut (PIB) agricole, après un recul de -15,1% en 2022. Quel impact sur les ménages ? La BM a mis un accent particulier sur le pouvoir d'achat des ménages au Maroc. Elle note ainsi que le gouvernement a répondu aux chocs d'offre actuels en mettant en place un ensemble de mesures visant à préserver le pouvoir d'achat des ménages. Il a maintenu les prix réglementés du gaz, du blé et de l'électricité, a canalisé des allocations budgétaires supplémentaires vers la caisse de compensation, a versé des aides aux professionnels du transport pour faire face à la hausse des prix des carburant et a consacré un budget pour soutenir les secteurs agricole et touristique. « Cela a entraîné une hausse de 14,5% des dépenses publiques en 2022 », précise la BM qui ajoute que malgré toutes ces mesures, la flambée de prix des produits alimentaires continue d'impacter les ménages modestes et vulnérables. « Les ménages les plus pauvres sont non seulement confrontés à des prix plus élevés, mais ont également des possibilités plus limitées d'ajuster leur comportement de consommation pour faire face au choc, car ils disposent de moins de ressources, notamment actifs, épargne ou soldes de précaution», estime la banque. Côté risques, la banque note que le contexte international demeure incertain avec une avec une décélération de la croissance prévue chez les principaux partenaires commerciaux de la zone euro. Pour l'institut, le système de compensation est à revoir d'autant plus que les subventions des prix profitent surtout aux ménages les plus aisés, qui consomment davantage de biens subventionnés, ce qui entraîne une répartition inéquitable des ressources publiques. L'institut préconise ainsi d'adopter dans un avenir proche, d'instruments de protection sociale plus ciblés, tels que des transferts en espèces, qui pourraient être la solution efficace pour atténuer les effets négatifs des chocs d'offre. Pour la banque, la réforme de la protection sociale est un bon signe. «Le déploiement prévu du système d'allocations familiales permettra au Maroc de cibler efficacement la population vulnérable de manière rentable et équitable afin de faire face aux hausses de prix d'une telle ampleur», conclut la BM.