«Dans le secteur automobile, la décarbonation est perçue comme une contrainte alors que c'est une véritable opportunité pour le secteur », assure le président de l'association marocaine pour l'industrie et la construction de l'automobile, (AMICA), Hakim Abdelmoumen. En effet, l'Union Européenne met en place à partir de cette année une taxe carbone aux frontières vis-à-vis des entreprises étrangères exportant sur son territoire. Un durcissement des normes d'importation en matière d'empreinte carbone des produits est désormais acté et entrera en vigueur à partir de 2025. Ces mesures devraient affecter l'industrie automobile marocaine surtout que le Royaume est devenu le premier exportateur de voitures vers l'Europe. « Une transformation compétitive de l'industrie automobile marocaine passera indéniablement par la décarbonation qui s'impose aujourd'hui et qui est devenu même un critère important pour avoir accès aux marchés étrangers », explique Abdelmoumen qui reste convaincu que le durcissement des conditions d'accès au marché européen pourrait apporter un avantage compétitif au Maroc, par rapport à ses principaux concurrents du continent et de la région. Des chantiers à la pelle Le secteur automobile a longtemps été décrié pour son empreinte écologique négative, sur toute la chaîne de valeur, de la production du véhicule à son utilisation finale. Des avancées ont été réalisées pour réduire l'empreinte carbone tant au niveau de l'utilisation des énergies renouvelables, des intrants recyclés...Toutefois, l'électricité produite est composée de 62% charbon et de pétrole avec un contenu carbone variant annuellement entre 600 et 750 Grammes de CO2/kWh, contre 50 à 80 Grammes de CO2/kWh pour la France par exemple. Abdelmoumen, explique que la décarbonation renvoie directement à l'électricité utilisée dans les usines. Le défi sera alors de limiter l'utilisation des énergies fossiles en les remplaçant, par exemple, par des sources d'énergies de base propres comme l'énergie solaire. «Des programmes ont été mis en place et déployés par Maroc PME et Tamwilcom pour accompagner les entreprises notamment celles de taille moyenne pour l'autoproduction des énergies renouvelables principalement à travers la mise en place de panneaux photovoltaïques qui devraient être installés sur les toits des usines », détaille le président de l'AMICA. Mais pour accélérer la décarbonation du secteur, le professionnel pense qu'il est primordial d'accélérer l'amendement de la loi 13-09 et ouvrir ainsi le réseau à la moyenne tension. «Nous attendons avec impatience cet amendement pour aller plus vite », confie t-il. Il est urgent aussi selon lui, d'investir dans un outil industriel plus efficace et plus productif utilisant moins d'énergie. Réussir cette étape de décarbonation passe aussi par la digitalisation des processus industriels. «Le passage à l'industrie 4.0 permettra au secteur de gagner en compétitivité et en efficacité énergétique ». Mais, pour Abdelmoumen, le véritable problème réside au niveau des intrants qui représentent 50% à 60% du coût de reviens pour un industriel. «Ces intrants s'ils sont importés, leur empreinte carbone sera négative à cause du mode de transport (maritime ou terrestre) dont l'utilisation dépend des énergies fossiles. Donc, le travail déployé pour avoir une électricité propre risque d'être pénalisé de l'autre côté », alerte Abdelmoumen. Solution préconisée ? «Nous avons la chance que le taux de l'intégration locale dans le secteur automobile a atteint plus que 65%. Le défi reste alors d'arriver à une intégration en profondeur ce qui permettra ainsi de produire les intrants dont a besoin le secteur localement», insiste le professionnel