L'Observateur du Maroc et d'Afrique : La transformation digitale devient actuellement une nécessité. Où se positionne le Maroc dans ce sens ? Hicham Chiguer: La crise sanitaire accéléré la transformation numérique au Maroc. Et nous sommes sur la bonne voie. Différentes stratégies ont vu le jour en la matière. Mais, aujourd'hui, le secteur doit bénéficier d'une attention particulière de la part du gouvernement. Il ne faut pas considérer le digital comme étant uniquement un simple recours à la technologie, mais plutôt en tant qu'un secteur à part entière comme c'est le cas de l'automobile, de l'aéronautique, de l'offshoring..., mais qui n'a pas besoin d'investissements colossaux pour démarrer. Il y a des signaux positifs. Le digital est l'une des 5 priorités du nouveau modèle de développement. Il faut donc mettre le turbo et activer les bons leviers pour réussir la transition. Aujourd'hui, Israël est leader mondial dans le domaine suivi de quelques pays occidentaux. Dans la région du moyen Orient, le pays des Emirats Arabes Unis est classé en tête de liste. En Afrique, c'est l'Afrique du Sud qui vient en première position. Le Maroc occupe la troisième place. On peut faire mieux si on travaille sur le développement des infrastructures télécoms, de la connectivité... Concernant la cybersécurité, pensez vous que le Maroc a t-il les capacités nécessaires pour lutter contre la cybercriminalité ? Dans le domaine de la cybersécurité, le Maroc est très bien classé grâce aux efforts déployés en vue de la création d'un environnement numérique fiable et sûr notamment. Quand on se donne les moyens pour faire bien les choses on réussit et on est bien classé à l'échelle mondiale. Tout est question de savoir où mettre le curseur.. Qu'en est-il de la pénurie des talents IT ? La formation des talents est un vrai chantier qui devrait être développé. Notre or noir, ce sont les ressources humaines. Nous avons un capital humain dont plus de 50% a un âge inférieur à 25 ans. Il faudra capitaliser sur cette jeunesse pour pouvoir lever ce défi de la digitalisation. Nous avons le potentiel nécessaire, encore faut-il mettre les moyens nécessaires pour le former et reconvertir les diplômés qui n'arrivent pas à trouver du travail dans le coding... Cela pourra réduire le taux de chômage et en même temps permettra à cette jeunesse de produire de la vraie valeur ajoutée. Il faut donner de la priorité à ce secteur aussi en créant un hub régional au Maroc. Cela va inciter les grands groupes internationaux de la technologie à investir et donc recruter au Maroc. Plus on crée une dynamique autour du digital, plus on aura la capacité de relever ce défi et retenir nos talents au Maroc. L'AUSIM organise la 6ème édition de ses assises. Quelles nouveautés pour quelles ambitions ? Après 3 ans d'absence, les Assises de l'Ausim reviennent pour une sixième édition du 26 au 28 octobre prochain à Marrakech. Cette année, l'événement sera tenu sous le thème «Digital Nation, unleash the potential». Ce rendez-vous se focalisera sur trois axes stratégiques. Il s'agit de la transition énergétique, de la digital nation et de la startup nation. Nous ne pouvons parler de digital nation sans startup. Et pour construire une startup nation, il faut créer des startups fortes et en quantité suffisante pour porter haut les couleurs du pays. Raison pour laquelle l'Ausim a voulu donner une place non négligeable aux startups au sein des assises. Pour cette édition, un changement au niveau du format et du contenu est prévu. Nous allons organiser dix ateliers sectoriels notamment pour les banques, l'énergie, l'assurance, l'éducation et l'agritech...en plus de dix autres panels technologiques (sécurité des données, metaverse, cybersécurité et IA entre autres). Le rendez-vous sera aussi l'occasion de mettre l'accent sur les dernières innovations liées au digital. Le Maroc de demain, pourra t-il être 100% digital ? Le tout digital, c'est impossible. Par contre, booster la digitalisation chez les entreprises, les PME, avoir un maximum de startups, créer ce hub et devenir leader africain en matière de la digitalisation est possible. Et cela devrait être un objectif pour le Maroc et les marocains.