L'audio en question Un nouveau scandale vient d'éclater le week end dernier en révélant une présumée affaire de corruption impliquant deux magistrats. Il s'agit d'un enregistrement d'une trentaine de minutes d'une discussion entre deux magistrats. Ces derniers élaboraient une stratégie pour intervenir dans le déroulement d'une affaire criminelle en cours et dont le principal accusé est en captivité actuellement. Cet audio « compromettant » contient également des propos « diffamatoires » concernant certains membres de la défense. L'enquête Alerté par la large diffusion de cet audio sur les réseaux sociaux et autres plateformes de communication digitale, le Ministère public a ordonné, samedi, l'ouverture d'une enquête sur cette présumée affaire de corruption. Les deux magistrats qui seraient la présidente de l'une des 14 chambres de la Cour de Cassation et le président d'une chambre de la Cour d'appel, sont accusés d'ingérence dans un dossier en cours. Cette enquête devrait confirmer l'authenticité de l'enregistrement en question tout en identifiant les personnes mises en cause. Enregistré apparemment d'une manière préméditée pour faire tomber les deux magistrats, l'audio objet de cette enquête ne cesse de provoquer des remous depuis son apparition sur les réseaux sociaux. Montant au créneau, la Fédération des associations des jeunes avocats du Maroc a annoncé la tenue d'un sit-in, mercredi 13 juillet, à la cour d'appel de Casablanca. « Une manifestation pour protester et condamner toutes les formes de corruption, d'ingérence et d'influence sur le cours normal de la justice », précise la Fédération dans un communiqué. Contre la corruption Cette dernière estime d'ailleurs que cette manifestation tenue par les jeunes avocats est « une nouvelle étape dans la lutte contre la corruption et la défense des valeurs de justice et d'intégrité. C'est un message fort pour rappeler la noblesse de la mission des avocats et des juges intègres qui mènent un combat sans merci contre les lobbys corrompus et œuvrent sans cesse pour instaurer une justice équitable », ajoute la même source. De son côté, le président de l'Association des barreaux du Maroc, Abdelouahed Anssari, a appelé les membres à une réunion urgente ce mardi à Rabat pour « discuter des détails de cette affaire ». Anssari a d'ailleurs appelés les affiliés à serrer les rangs et à se mobiliser derrière leurs représentants pour défendre « l'honneur du métier et son image ». Flash back « Le salut est donc dans la mise en œuvre rigoureuse de la déontologie qui régit le corps de la magistrature, mais aussi le renforcement des règles coercitives et sanctions disciplinaires à l'encontre des magistrats qui commettraient des erreurs professionnelles », c'est en ces termes que Mohamed Abdennabaoui, Premier président de la Cour de cassation, décrit, en avril dernier, la stratégie du Maroc pour lutter contre l'enrichissement illicite de magistrats « corrompus ». Passé à la loupe, le patrimoine des juges sera contrôlé d'une manière rigoureuse. Un suivi rapproché de l'avant et après nomination est également au programme. D'après les déclarations de Abdennabaoui, tout magistrat reconnu coupable de graves atteintes à la probité et à la déontologie, sera suspendu. Peu indulgent, le responsable appelle à la révision des textes de lois pour durcir les sanctions. Abdennabaoui insiste d'ailleurs sur l'importance de la sensibilisation du corps de la magistrature dans cette lutte anti-corruption.