Constat alarmant! « L'Afrique est gravement menacée par une aggravation de la pauvreté et de l'insécurité alimentaire qui pourraient déclencher des crises sociales et politiques sans parler de la menace climatique qui devient de plus en plus réelle à l'heure actuelle », déclare Nadia Fettah Alaoui lors de la clôture des travaux du caucus africain 2022 tenu les 6 et 7 juillet à Marrakech. La ministre de l'économie et des finances a ajouté aussi que cette conférence a permis non seulement, de mettre l'accent sur les principales difficultés auxquelles le continent est confronté, mais aussi d'unifier les rangs et parler d'une seule voix pour une Afrique plus résiliente avec la mobilisation des ressources nécessaires pour le développement de la région. «L'accumulation successive des déficits de financement tendant à aggraver la situation économique des pays africains et leur vulnérabilité et entravent le développement de nos pays. D'où la nécessité de débloquer davantage de ressources financières et l'instauration de notre part des mesures politiques fortes et prudentes pour renforcer les réserves, préserver la viabilité de la dette, accroître la résilience aux chocs et rendre la croissance plus durable et inclusif », souligne Nadia Fettah Alaoui. La Déclaration de Marrakech La réunion de Marrakech a été sanctionnée par une déclaration résumant les principaux points débattus lors de la rencontre. Les participants reconnaissants le rôle vital du FMI et de la banque mondiale dans la recherche du renforcement de la résilience de l'Afrique aux chocs futurs ont exprimé leur volonté de rechercher des subventions supplémentaires et un soutien financier dans les trois domaines en particulier. D'abord, le repositionnement de la dette comme catalyseur de la reprise économique et de la croissance durable. Sur ce volet, les argentiers et patrons de banques centrales africaines appellent les institutions de Bretton Woods à faciliter un allégement rapide de la dette pour aider les pays africains à se remettre de la crise et minimiser les risques dans les perspectives de croissance. Ils appellent aussi les mêmes institutions à accélérer la réforme de l'architecture internationale de la dette et soutenir l'appel de la région au G20 pour une extension de l'initiative de suspension du service de la dette (DSSI) jusqu'à ce que le cadre commun fonctionne de manière efficace. Les participants exhortent également les institutions précitées à soutenir les pays africains en accélérant notamment les réformes qui devraient atteindre cet objectif à l'instar de l'extension de l'éligibilité aux pays africains à revenu intermédiaire très endettés. Il s'agit aussi d'accorder à l'Afrique une plus grande représentation et une voix plus forte au sein des organes de gouvernance et à appliquer des souplesses dans les politiques d'endettement en faveur des pays africains. Dans leur déclaration de Marrakech, les ministres des finances et patrons des banques centrales africaines appellent le FMI à renforcer les filets de sécurité financière mondiaux par des lignes de précaution qui permettent aux économies africaines de faire face aux chocs exogènes et accélérer la mis en place de mécanismes adaptés aux besoins spécifiques des économies africaines. Au niveau de l'intégration régionale, les participants recommandent à la banque mondiale la mise en œuvre d'une approche régionale pour le financement de projets hydroélectriques intermédiaires et en aval, d'énergies renouvelables et de transformation du gaz en électricité sur tout le continent afin de garantir la sécurité énergétique et l'accès universel à l'électricité. La banque mondiale est appelée aussi à accroître son financement des investissements publics dans le secteur de l'énergie en Afrique et d'envisager des investissements dans des technologies innovantes qui améliorent les performances des entreprises africaines de services énergétiques. La même institution devrait, selon la déclaration commune de Marrakech, accélérer le financement de la construction d'infrastructures, de plateformes et d'écosystèmes de réseaux numériques pour les technologies et solutions numériques qui peuvent radicalement réduire la fracture numérique, élargir l'accès au financement, améliorer la prestation de services et créer de nouvelles opportunités économiques pour l'Afrique. Autre propositions phares adressées au FMI, accélérer son soutien à la conception de systèmes pour détecter et atténuer les cyberisques et les risques liés à la vie privée, ainsi qu'à relever les défis liés aux paiements transfrontaliers et à l'utilisation des monnaies numériques des banques centrales. Pour faire également progresser l'intégration régionale, les ays africains s'attendent également à de nouvelles mesures innovantes pour relever les défis de l'entrepreneuriat des jeunes en Afrique et du financement des PME. S'agissant de la crise climatique, les participants, soutiennent la conclusion du Sommet du G7 de juin 2022, soulignant que ni le niveau d'ambition ni la mobilisation de la communauté internationale ne correspondent aux objectifs de l'Accord de Paris. « Nous soutenons l'appel du G7 pour un meilleur accès aux moyens de financement de l'action climatique et en accordant une attention particulière aux pays les plus vulnérables, y compris les pays à revenu intermédiaire », note la déclaration en question. Parmi les autres demandes formulées on trouve aussi la demande formulée aux IBW de favoriser une collaboration plus approfondie dans leurs domaines respectifs pour soutenir les pays dans la gestion des risques liés à la transition climatique, et celle adressée à la banque mondiale d'accorder la priorité au soutien à l'Afrique dans la mise en œuvre de son deuxième plan d'action sur le changement climatique et au FMI afin de veiller à ce que la mise en œuvre de sa stratégie climatique soutienne la transition de l'Afrique vers des économies plus vertes.