L'émotion est à son comble depuis la tuerie d'Uvalde au Texas. Dix-neuf petits anges ont perdu la vie, assassinés par un adolescent mal dans sa peau, qui a pu acheter en toute légalité deux fusils mitrailleurs. La douleur qui s'exprime est générale. Aux USA, mais aussi dans le reste du monde. La compassion est de mise, mais aussi l'incompréhension. On apprend à des enfants comment se comporter face à un assaillant, comment se mettre à l'abri, comment tenter de le déséquilibrer. C'est une horreur, parce que ces petits chérubins viennent à l'école la peur au ventre, au lieu d'être heureux d'apprendre en compagnie de leurs amis. Mais ces attitudes s'expliquent. Uvalde, la dernière fusillade n'est malheureusement qu'une nouvelle page dans ce récit horrifiant des tueries de masse aux USA. Il y a régulièrement des chocs horribles dont le plus sidérant est le massacre perpétré à Sandy Hook, dans une école maternelle, les victimes étant âgées de moins de six ans. Joe Biden, le Président des Etats Unis, considéré comme l'homme le plus puissant du monde, a pourtant dit : « Pourquoi sommes-nous prêts à vivre avec ce carnage ? Pourquoi continuons-nous à laisser cela se produire ? » Avant lui, Barack Obama, les larmes aux yeux, avait eu des discours avec la même tonalité, une fois confrontés à des tueries de masse semblables. La question lancinante, c'est l'impuissance des politiques à réguler le commerce des armes à feu. Pourtant, elles sont la première cause de décès des enfants et adolescents depuis 2020. Mais il ne faut pas sous-estimer le problème. Le second amendement est lié à l'histoire de l'Amérique. La guerre contre les Anglais a été menée par des milices. Dans son esprit, cet amendement devait laisser la voie ouverte à la Constitution au cas où la démocratie serait menacée. Culturellement, le droit de se défendre est admis par tous. Après chaque tuerie à l'arme à feu, la NRA, ardent lobby pro-armes, une association qui a été créée en 1871 par deux vétérans de la guerre de Sécession, est pointée du doigt. Ce lobby puissant des armes tient son assemblée générale au Texas, là où la fusillade infernale a eu lieu. Tout simplement sidérant ! L'Amérique doit se livrer à une véritable introspection pour éviter que la sidération devant ces crimes odieux ne laisse place à la banalisation, après l'émotion, non feinte, des familles américaines.