Ils sont de moins en moins nombreux ceux qui croient qu'Eric Zemmour n'est qu'un phénomène passager. Alors même qu'il n'est pas officiellement candidat, les sondages le placent souvent en second tour, en tous cas il est à touche-touche avec Marine Le Pen, qui elle, est sur une spirale négative. Ceux qui dénoncent ses outrances quasi-quotidiennes n'ont aucune prise sur son électorat, qu'il définit lui-même comme l'alliance de la bourgeoisie nationale conservatrice et les couches populaires. Ceux qui l'attaquent sur son absence de programme n'ont pas plus de succès. En fait, il balaye toutes les critiques, en martelant que l'objet de la présidentielle, ce ne sont pas les programmes économiques, qui ont fait pendant 40 ans la doxa idéologique des hommes politiques de France, mais c'est plutôt « l'identité et le sort de la France». Pour lui, c'est la démographie qui fait l'histoire et « la submersion » menace la survie de la France, catholique telle qu'elle s'est forgée durant des siècles. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, les outrances de Zemmour sur les femmes, les musulmans sont là mais minimisées, parce qu'il élève l'enjeu à l'existence même de la France et c'est cela qui le lie à son électorat. Il utilise souvent la phrase de Jacques Bainville « la France n'est ni un empire, ni une race, c'est une nation ». Il s'inscrit dans cette filiation, alors que l'académicien et historien de France ne peut être suspect de xénophobie. L'intelligence française commet la même erreur que ce que l'on a vécu avec Trump. Elle oublie que Zemmour est un redoutable polémiste, un essayiste acclamé, qu'il est plus cultivé que la majorité du personnel politique. La preuve qu'il est retors, c'est qu'il a débité un programme économique en trois phrases : pas d'augmentations de salaire, retraite à 64 ans et protectionnisme. C'est le programme de la bourgeoisie nationale, et en 3 phrases. La gauche et la droite sont groggy. Le pire pour elles c'est de continuer à dédaigner. Si Eric Zeemour continue sur sa dynamique, il peut nourrir tous les espoirs. En Octobre 2016, Emmanuel Macron était très loin des 17%. A Méditer.