« Etes-vous pour ou contre l'abrogation de l'article 490 ? Si oui, comptez-vous l'inclure dans votre programme électoral ? », ce sont là les deux questions directes et précises adressées aux partis politiques, par les activistes du Collectif Hors la loi. Un sondage lancé à quelques jours des élections prévues pour ce 8 septembre 2021. Un sondage qui remet au gout du jour le grand débat à propos des textes de loi incriminant les relations sexuelles hors mariage et l'homosexualité dans notre pays. Deux parmi 33 « Le collectif a eu recours à un huissier de justice pour exécuter cette opération afin de garantir la transparence des échanges avec les partis politiques », explique-t-on au Collectif 490. Ainsi parmi les 33 partis politiques contactés, deux seulement ont réagi aux questions posées. « Le PPS a répondu positivement aux deux questions par l'intermédiaire de son secrétaire général. Mais nous avons été choqués et très déçus de constater que cet engagement n'a pas été respecté et qu'aucune trace de l'abrogation de l'article 490 ni d'aucun autre article liberticide ne figure sur le programme électoral du parti », regrette-t-on auprès de Hors la loi. Une position plutôt ambiguë de la part du parti socialiste dont le secrétaire général Nabil Benabdellah affirme dans son courrier que « la défense des libertés individuelles fait partie intégrante de ses principes fondateurs ». De son côté, l'Alliance de la fédération de gauche (AFG) n'a pas donné de « réponse directe » au questionnaire mais « a consacré un volet de son programme aux questions relatives aux libertés individuelles et à l'abrogation des articles 490 et 491 », notent les activistes de Stop 490, avec soulagement. Un bon signe d'après ces derniers car annonciateur d'un débat institutionnel possible. Ceci alors que la plupart des partis politiques en lisse ont préféré détourner cette question épineuse lors des élections. « Déçus et choqués par la réaction de certains partis », les activistes de Hors la loi affirment avoir tenté de contacter 33 partis politiques. Sièges fermés, adresses changées ou encore refus d'accuser réception, le courrier du collectif a été finalement reçu par 22 partis. « Trois d'entre eux ont refusé de répondre ou même de réceptionner le courrier. Tandis que 17 partis en ont accusé réception sans donner pour autant de réponses », affirme-t-on auprès du collectif. Lâcheté ou désintérêt ? Des chiffres et des réactions qui en disent long sur l'engagement des partis politiques pour les libertés individuelles dans notre pays. Un grand débat qui ne cesse de refaire surface avec le déclenchement de chaque nouvelle affaire. Selon le dernier rapport du ministère public, elles sont 15.192 personnes à être poursuivies en 2019, pour relations sexuelles hors mariage, en vertu de l'article 490 du Code pénal. Un chiffre qui, parfois même, inclut les victimes de viol et d'exploitation sexuelles, faute de preuves. Fondé en septembre 2019 par Sonia Terrab et Leïla Slimani, le collectif Hors la loi a déjà lancé la campagne #STOP490 pour la dépénalisation des relations sexuelles hors mariage. Ceci en appelant les partis politiques, à la veille des élections législatives, à se positionner publiquement pour ou contre l'abrogation de l'article 490. Vote for love « Notre consternation est immense face au désintérêt des partis par rapport aux revendications de la jeunesse. Nous avons ainsi eu l'idée de lancer notre propre campagne « vote4love », inspirée de l'urne créée par l'artiste Kenza Benjelloun et ouverte à toutes et à tous. Elle se traduira par une large consultation publique sur le thème de l'amour et des libertés individuelles face à la loi au Maroc », annonce-t-on auprès du collectif. « Lancée en marge des élections, cette campagne sera une manière symbolique, pour les jeunes qui ne veulent pas y prendre part, de s'exprimer et de voter pour l'amour. Ensuite, cette consultation continuera jusqu'à la production d'un rapport qui se déclinera sous différents concepts et formes », conclut Sonia Terrab, l'une des fondatrice du mouvement. Une riposte en force qui a pour but la rédaction au final d'un rapport sur les aspirations et les attentes des citoyens concernant le changement de la loi et son adaptation au contexte social actuel.