Faible taux de régularisation Trois chantiers ont été lancés. Le premier est juridique avec la refonte de l'arsenal juridique marocain. Notamment, la révision des textes de lois sur la migration (loi 02-03), sur la traite des êtres humains et l'adoption d'un texte sur le droit d'asile et la protection des réfugies. Le deuxième concerne la politique d'intégration des migrants. Un plan est en préparation dans ce sens. Le séminaire international de l'intégration organisé début mars par le ministère chargé des Marocains résidant à l'étranger et des affaires de la migration a permis de faire le point sur les mécanismes prévus ou en cours de conception par l'ANAPEC, l'OFPPT, le ministère de l'emploi, le département de la Santé et celui de l'Education pour faciliter l'accueil des migrants au Maroc. « Ce plan veut promouvoir l'égalité, la démocratie participative, la citoyenneté et l'Interculturalité », explique le département d'Anis Birou. Le troisième chantier est la campagne de régularisation. Deux catégories de migrants sont concernées : les demandeurs d'asiles et les migrants en situation administrative irrégulière. En collaboration avec le bureau du HCR à Rabat, le Maroc a régularisé la situation de 530 demandeurs d'asile. Pour la deuxième catégorie, une opération de régularisation exceptionnelle a débuté le 2 janvier et se terminera le 31 décembre prochain. 2014. 83 bureaux des étrangers dans les préfectures sont ouverts pour recevoir et examiner les demandes de régularisation. Jusqu'à fin mars, 13.000 demandes ont été déposées. Le gouvernement vise 30.000 régularisations. Quatre mois après le lancement de cette campagne, le Collectif « Papiers pour tous », composé du réseau des associations de migrants et des défenseurs des droits humains, parle d'un bilan « maigre ». C'est aussi l'avis de Hicham Rachim, représentant du GADEM au sein de ce collectif. La même évaluation est faite par Eric William de l'Association Lumière sur l'émigration clandestine au Maghreb (ALECMA). « Seules 350 demandes ont été acceptées sur les 3000 traitées. Ce taux très faible de réponses positives dissuadent les migrants qui se trouvent dans les forêts au Nord et à l'Est à venir déposer leur demandes », s'inquiète William. Les ONG travaillant sur les questions migratoires reprochent aux responsables de la campagne marocaine de régularisation d'avoir fixé des critères qu'un migrant irrégulier ne peut remplir, vue sa situation de « clandestinité ». À cela s'ajoute « l'emprise des sécuritaires sur la décision des commissions aux Bureaux des étrangers », note Rachidi de Papier Pour tous. Nous avons pu avoir accès en exclusivité à la circulaire régissant cette opération qui montre la force présence de l'autorité locale (gouverneur) et des sécuritaires. Le représentant de la Police, de la Gendarmerie, de la DST et de la DGED disposent de cinq sièges alors que les représentants de la société civile, désignés par le CNDH, n'ont que deux sièges. Cette composition explique-t-elle le taux faible de réponses positives de 12% ? Quelque soit les décisions de ces commissions, les mouvements migratoires continueront à affluer vers le Maroc. Migrants économiques, climatiques (voir notre reportage à Dakar) ou réfugies politiques arrivent au Maroc à la recherche d'une vie meilleure ou d'une terre d'asile temporaire. Les ONG marocaines et internationales travaillant sur ce sujet maintiennent la pression sur le Maroc pour que le Royaume assure la réussite de sa nouvelle politique migratoire. « Nous avons été très enchantés par l'annonce royale de la politique migratoire sauf qu'il y a des différences entre les annonces et les réalités sur le terrain », regrette Wiliam de l'ALECMA. Pire, le Collectif « Papier pour tous » note « la recrudescence des violences contre les migrants de la part des autorités marocaines et espagnoles suite aux assauts sur Sebta et Melilia » Lire aussi . . Les murs se multiplient face aux migrants . En 5 mois, le Maroc a réalisé un travail énorme !