La contestation des résultats de l'élection présidentielle iranienne s'est étendue à plusieurs villes de province, rapportent mardi 16 juin plusieurs témoins et journalistes. Ces témoignages confirment les informations de l'envoyée spéciale du Nouvel Observateur en Iran, Sara Daniel. Des manifestations ont notamment eu lieu à Machhad, Ispahan et Shiraz, de façon pacifique, mais plusieurs incidents se sont produits par endroits. Les forces de sécurité sont déployées en grand nombre dans les petites villes. Comme à Téhéran, des habitants y scandent Allah Akbar (Dieu est grand). Il s'agit d'une référence à l'époque pré-révolutionnaire, quand l'ayatollah Khomeiny avait engagé les citoyens à monter sur leur toit chaque soir et pousser ce cri contre le régime impérial du Chah. De même, des concerts de klaxons sont entendus tous les soirs et après-midi dans des quartiers de plusieurs villes du pays en signe de soutien au candidat Mir Hossein Moussavi, qui a contesté la réélection de Mahmoud Ahmadinejad. Une centaine d'arrestation à Shiraz A Shiraz (sud), des incidents ont eu lieu et plusieurs "perturbateurs de l'ordre public" ont été arrêtés, selon le procureur de la ville, cité lundi par l'agence Isna. "Lors des récents troubles, un certain nombre de gens ont été arrêtés. Ils sont accusés de trouble de l'ordre public, destruction de biens publics et privés", a-t-il ajouté. Il n'a pas précisé leur nombre, mais a affirmé qu'une "enquête a été ouverte". "Ils ont cassé des vitres de magasins, détruit des banques et distributeurs de billets. L'université a été aussi le théâtre de troubles mais la situation est redevenue calme", a-t-il affirmé, ajoutant qu'il y avait eu également "des blessés légers". Un commandant des forces de l'ordre a annoncé mardi l'arrestation de "cent personnes dans les récents troubles", selon l'agence Isna. Police anti-émeute A Machhad (nord-est), la deuxième ville du pays, un appel avait été lancé pour une manifestation mais la présence massive de la police anti-émeute et des bassidjis (milice islamique) a dissuadé les gens d'y aller, a déclaré un témoin. "J'ai vu environ quinze personnes arrêtées après qu'elles aient crié et appeler à manifester", a-t-il ajouté. Selon un autre témoin, dans plusieurs quartiers de la ville, "les gens crient Allah Akbar le soir vers neuf heures" pour protester contre les résultats des élections. "Les gens vont aussi dans la rue pour klaxonner. Mais il n'y a pas eu de manifestations", selon ce dernier. D'autres villes du pays ont également connu des mouvements de protestation. A Ispahan (centre) des manifestants pro-Moussavi sont descendus dans la rue lundi soir. Certains ont brûlé des motos de la police et des véhicules devant le bâtiment de la télévision d'Etat. La police anti-émeutes a utilisé des gaz lacrymogènes et matraques contre les manifestants, selon des témoins. Dans les petites villes du nord, les manifestations sont plus difficiles à tenir à cause d'une très forte présence policière sur les places et avenues principales, plus faciles à contrôler compte tenu de la taille des localités.