Même si tous les membres de sa famille travaillaient au golf depuis plusieurs années, rien ne laissait présager qu'Abdelhak Sabi figurerait un jour parmi les meilleurs golfeurs professionnels du Maroc. Certes, il a grandi avec un club entre les mains, mais jamais il ne pensait faire de son passe-temps favori un métier. Tout a commencé un jour du côté du douar situé entre le golf de Mohammedia et la raffinerie de la Samir. Voyant qu'il avait une adresse remarquable en tapant la balle, un caddy lui conseilla de se présenter le lendemain au practice pour s'inscrire à l'école de golf de Benslimane. «Je revois toujours ce caddy. Il s'appelle Aziz Kerdadi. Je lui dois beaucoup. Il a senti dès le premier jour que je pouvais percer, contrairement à d'autres qui voyaient en moi un petit garçon voulant juste se distraire». Si, à 19 ans, les golfeurs sont déjà présents sur le circuit professionnel, Abdelhak, lui, ne fait que commencer sa carrière. Après une année passée comme junior au sein du club de Benslimane, il revient à sa ville natale, Mohammedia, avec en poche une accession en première série. «A partir de ce moment-là les choses ont changé et la confiance augmentait, ce qui me permettait de gagner plusieurs tournois. Ces victoires m'ont ainsi permis de rejoindre la série nationale où figuraient des joueurs talentueux comme Kamal Gartite, Abdelkader Hali et Said Ibnouroukya». Avec l'Anglais Peter Dowson, sélectionneur national à l'époque, il allait apprendre les vraies bases du golf. Durant huit mois, avec 15 autres jeunes, il est pris en main par le sélectionneur au Royal golf Dar Essalam en prévision de tournois à l'étranger. «Ce fut très bénéfique. D'ailleurs, c'est grâce à lui que j'ai gagné le championnat du Maroc en 2001. La formation que j'ai eue avec Dowson a été d'une grande importance pour la suite de ma carrière parce qu'en 2002 j'ai récidivé avec un score exceptionnel et deux points d'avance sur les pros». Ces performances ont valu à Abdelhak d'être encouragé par le prince Moulay Rachid qui lui a offert un sac complet de golf. Ce geste princier a poussé Sabi à persévérer et travailler d'arrache-pied pour justifier la confiance placée en lui. Invité en Italie pour un tournoi international professionnel grâce à une wild card, il surprend tout le monde et réussit même avec son statut d'amateur à arracher la 13e place parmi les 120 joueurs professionnels. Cet exploit représentait pour Abdelhak la meilleure des préparations pour le championnat arabe amateur qui se jouait à Rabat en octobre 2003. Il fait d'une pierre deux coups en s'adjugeant le titre individuel et en équipe. «Avec Karim Guessous, notre nouveau sélectionneur, nous avions fait une bonne préparation et nous nous sommes imposés logiquement. Juste après, SAR Moulay Rachid a donné ses instructions pour que l'on m'octroie une wild card pour jouer le prestigieux Trophée Hassan II. C'était un grand jour pour moi, je ne le remercierai jamais assez pour ça». Ainsi, à 26 ans, il débute finalement sa carrière professionnelle et, trois mois plus tard, il est sacré numéro un marocain. Ce classement va lui permettre d'obtenir une invitation au Dubaï Desert Classic Tour European. Un tournoi qui connaît la participation des grands noms tels que Tiger Woods, Sergio Garcia et Ernie Els. «C'était une grande expérience, j'ai fait le même score que Garcia (plus 2). C'est là que j'ai compris toute l'importance du golf pour la suite de ma carrière». En côtoyant à cette occasion les monstres de la discipline, Abdelhak Sabi reste persuadé qu'avec plus de moyens et un bon encadrement, les golfeurs marocains pourront un jour faire parler d'eux.