Du haut de son mètre quatre- vingt-dix-sept, Hassan Baou, malgré sa corpulence, ne paye pas de mine. Il faut dire que sa gentillesse prend le dessus sur son physique. Quand il vous parle, son débit est tellement lent que vous avez du mal à imaginer que ce grand gaillard puisse se transformer en un volcan en éruption une fois sur un ring. Et c'est peut-être là son secret. Ses adversaires en savent quelque chose. Il parle peu mais cogne fort et ce n'est pas pour rien qu'on le surnomme 'La Makina''. Né à Tanger un 25 août 1973, il habite en France depuis 1978. Sa longue histoire avec les arts martiaux a commencé quand il était très jeune avec la pratique du judo pendant quatre ans. Il a ainsi appris la discipline, le respect de soi et des autres. Ensuite, il fait un petit détour par le basket, mais le sport pied-poings va reprendre le dessus. En 1992, il se met à la boxe thaïlandaise ou muay thaï, ensuite le kick-boxing et le full contact. A 20 ans, il est convaincu que la boxe thaï devient sa discipline de prédilection. Quatre ans après, il se met à la compétition et débute en classe C, le plus bas niveau. Il accumule de l'expérience et accède aux classes B et A, synonymes de haut niveau, dans lesquelles il fait plusieurs matches. En classe B, il décroche, en amateur, une médaille de bronze en championnat du monde et en classe A, avec le Maroc, il obtient le titre de champion du monde arabe au Liban .Un gros challenge, car c'était pour lui la première fois qu'il représentait le Maroc. Il le fait avec brio, en obtenant une bonne note et la médaille d'or. Une médaille au goût amer puisqu'une fois de retour en France, il est vite oublié comparativement à ses autres coéquipiers qui sont restés au pays et qui ont été récompensés. En 2005, il participe au championnat du monde pro en boxe thaï. Avant cela, il fait une démonstration en 2004 à Agadir devant une foule en délire et dans une salle surchauffée à bloc. Le 16 août 2008, il obtient la ceinture mondiale de kick-boxing en battant le champion du monde par KO à Ténérife. La revanche ne s'étant pas bien déroulée, il voudrait disputer une troisième rencontre au Maroc. Mais les choses ne sont pas aussi simples pour ce jeune homme plein d'ambition, très attaché à son pays et ses valeurs. Pour cette raison il se sent redevable de tous ces jeunes en voulant mettre à profit son expérience bien qu'ayant fait tout son apprentissage en France. «C'est vrai que c'est un sport qui ne coûte pas excessivement cher, et pour réussir à le pratiquer à un haut niveau, il faut de la rigueur, il faut avoir ses protections, il faut être à l'écoute, bien respecter les horaires d'entraînement. L'hygiène alimentaire est également très importante». Champion du monde en titre de kick-boxing dans la catégorie des moins de 81 kilos en pied-poings, il ne vit que pour sa passion. C'est pour cela qu'il voudrait transmettre le flambeau. «Il y a beaucoup de choses à faire au Maroc. Les arts martiaux en général ont toujours suscité l'engouement chez les jeunes, mais ce qui est intéressant dans notre discipline c'est que ça permet de canaliser les énergies et, surtout, ça permet de partager les vraies valeurs de la vie. C'est pourquoi j'aimerai apporter ma contribution et mettre la main à la pâte. Ne prendre la place de personne, juste aider». Comme Hassan Baou, ils sont très nombreux à vouloir apporter leur soutien aux associations locales, à condition toutefois que le sérieux soit de mise. Cependant ce qui lui tient à cur, c'est de pouvoir disputer chez lui, au Maroc, cette rencontre déterminante pour le titre de champion du monde et ce, malgré les offres qui lui ont été faites à Clermont Ferrand (son lieu de résidence). A bon entendeur salut.