Pour décrire l'état des cimetières au Maroc, le Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) n'y va pas de main morte. Dans une récente étude intitulée « La situation des cimetières des musulmans au Maroc. Propositions pratiques pour leur réhabilitation », son auteur, Jamal Bami, décrit l'état délabré et généralisé de ces « dernières demeures ». Considérant que l'état de ces lieux est un indicateur de civilisation et de civisme pour les peuples, il déplore cette « tendance à prendre les cimetières pour des espaces morts car abritant des morts». Il relève des cas de profanation et de destruction de tombes « historiques » de leaders nationalistes au nord du pays, mais également d'anciens rois tels Abou Alhassan al Marini. Une situation qui se généralise et qui prend différents aspects dont le jet des déchets, les murailles démolies, la profanation et la destruction des tombes par les charlatans pour les besoins de sorcellerie, le manque d'organisation et l'absence de registres d'enterrement datés, le manque de points d'eau et d'électricité, la saturation et la transformation des cimetières en hôtels à ciel ouvert pour les voleurs et les SDF. Ceci sans parler des pratiques sexuelles « ordinaires » et « perverses » à l'enceinte des cimetières. L'auteur rappelle d'ailleurs des cas choquants de nécrophilie enregistrés dans différentes régions du pays. Des faits qui scandalisent l'auteur de l'étude qui déplore l'inconscience de la société marocaine quant à la « sacralité » de ces lieux et à l'importance de leur préservation. Citoyens, société civile et autorités publiques se partagent la responsabilité, mais ce sont les autorités concernées qui sont juridiquement et financièrement responsables de la bonne gestion et de l'entretien des cimetières.