Sur le Moyen-Orient, Barack Obama président tient les promesses du candidat Obama. Il fait même, dans l'immédiat, un sans faute, ce qui n'est pas si facile. Ainsi, le lendemain de son arrivée à la Maison Blanche, il avait appelé au téléphone les chefs d'Etat de la région, en commençant par Mahmoud Abbas, le président de l'Autorité palestinienne. Un choix symbolique qui voulait signifier au monde la centralité de la question israélo-palestinienne dans la future politique étrangère américaine. Deuxième promesse du candidat Obama : tendre la main à l'Iran. Des contacts entre Téhéran et Washington sont possibles dans les prochains mois, prometteurs d'une future réconciliation si les mollahs renoncent à mettre au point une bombe atomique, cessent de financer le terrorisme et mettent fin aux discours belliqueux vis-à-vis d'Israël, a déclaré le président américain. La réponse iranienne a été inattendue. «Si le changement proposé par le nouveau gouvernement américain est réel, fondamental et non tactique, le peuple iranien est prêt au dialogue dans un climat d'égalité et de respect mutuel», a répliqué le président Mahmoud Ahmadinejad. Une demande répétée avec constance par les Iraniens depuis le renversement par Washington de Mossadegh, le Premier ministre qui, en 1955, avait nationalisé le pétrole exploité par la compagnie anglo-américaine. Ce début d'état de grâce américano-iranien va-t-il être un essai transformé? Si les relations se normalisaient entre les deux pays, la face du Proche-Orient en serait transformée. Les Etats-Unis ont besoin de la coopération iranienne ou du moins de sa neutralité pour retirer leurs troupes d'Irak. Que les Gardiens de la révolution renforcent leur soutien militaire aux milices de Moqtada Sadr et le retrait militaire américain pourrait être compromis. La situation est la même en Afghanistan où, jusqu'ici, les deux pays jouent dans la même cour de récréation contre les talibans soutenus par le Pakistan et Al Qaïda. Au Proche-Orient, un changement de politique iranienne pourrait être crucial. L'Iran y combat les Etats-Unis et Israël par Hezbollah et Hamas interposés en leur fournissant des armes et de l'argent. Son alliance stratégique avec la Syrie joue un grand rôle dans la région et l'ensemble du monde arabe est désormais coupé en deux entre les amis de Téhéran et de Damas et ceux du Caire et de Washington. Mais la crise économique iranienne, accélérée par l'effondrement du prix du pétrole, l'embargo financier et économique des Occidentaux, le probable rapprochement de la Russie et des Etats-Unis, et les revendications des jeunes Iraniens qui veulent s'ouvrir sur le monde, incitent Téhéran à trouver un modus vivendi avec les Etats-Unis. Un institut de recherches américain vient d'annoncer que l'Iran ne disposerait plus que de très peu d'uranium (acheté sous le Shah) pour continuer ses recherches sur l'enrichissement du minerai permettant de faire une bombe. Ce changement de pied de l'Iran fait, dans l'immédiat, un seul mécontent : Israël. L'Etat hébreu estime que sa sécurité est mise en question par l'éventualité d'une bombe iranienne et ne renonce pas à bombarder les sites de recherche nucléaire. Mais Israël n'aimerait pas se lancer seul dans l'aventure. La main tendue par Barack Obama est loin de lui plaire.