Le temps fraîchit entre la Maison Blanche et le nouveau gouvernement israélien. Et si ce n'est pas encore la guerre - diplomatique -, le stade des premières escarmouches entre Washington et Tel Aviv est déjà dépassé. La visite que George Mitchell, l'émissaire de Barack Obama pour le Proche-Orient, vient d'effectuer à Jérusalem s'est mal passée. Au point qu'Avigdor Liberman, ministre des Affaires étrangères d'extrême droite de l'Etat hébreu, n'est même pas allé reconduire son invité à la porte du ministère. Il ne pouvait guère en être autrement. Dès son élection, chacun au Proche-Orient avait noté que les premiers coups de téléphone donnés à des responsables de la région par Obama l'avaient été au roi Abdallah de Jordanie et à Mahmoud Abbas, le président de l'Autorité palestinienne. Et non pas à son homologue israélien comme le veut la tradition et l'amitié américano-israélienne. Depuis lors, Obama, comme la secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, ne manquent pas une occasion de rappeler que «la solution de deux Etats est la seule possible pour résoudre le conflit du Proche-Orient». Benyamin Netanyahou y est farouchement opposé et le répète. Mais il est ennuyé : Israël ne peut se permettre de s'opposer ouvertement aux Etats-Unis. L'Amérique lui fournit non seulement du matériel militaire mais aussi des munitions et des pièces détachées. «Notre aviation ne peut pas tenir plus de deux semaines sans le soutien américain, nous expliquait, il y a quelques semaines, un diplomate israélien. En outre, le Premier ministre israélien, pro-américain convaincu, est obligé de constater que c'est le roi Abdallah de Jordanie qui sera le premier chef d'Etat de la région reçu à la Maison Blanche. Autre affront : il est invité à se rendre à une conférence aux Etats-Unis, à la mi-mai, par une association juive. Il veut être reçu à la Maison Blanche comme le serait tout Premier ministre d'Israël. Rien n'est moins sûr. Pour éviter ce camouflet, Netanyahou envisage de participer à la rencontre par vidéo-conférence depuis Jérusalem.... Bref, rien ne va plus entre les deux capitales. Benyamin Netanyahou a un sens aigu des rapports de force et vient d'effectuer une première reculade. Plus question, dit-il maintenant, contrairement à la semaine passée, de subordonner la reprise des pourparlers avec les Palestiniens à leur acceptation d'Israël comme «l'Etat du peuple juif». Refus des Palestiniens. Non seulement le Fatah a déjà reconnu Israël en 1993, mais il défend l'idée d'un Etat laïque et non confessionnel, et craint plus que tout de favoriser l'expulsion des Palestiniens de nationalité israélienne (1,5 million, soit 20% de la population de l'Etat hébreu), les descendants de ceux qui n'ont pas été chassés en 1948, lors de la création d'Israël. Enfin, les Palestiniens veulent garder le principe - au moins théorique - du droit au retour des Palestiniens exilés, comme un des éléments de la négociation finale. Soucieux de ménager l'avenir, Benyamin Netanyahou a donc expliqué à George Mitchell que sa «position sur les négociations avec les Palestiniens n'était pas encore définie». Dans l'immédiat, il souhaiterait, dit-il, relancer des négociations avec la Syrie à propos du Golan. Curieux. Le candidat Netanyahou affirmait pendant la campagne électorale que jamais il ne négocierait le Golan. Qu'importe les promesses ! Depuis vingt ans, chaque Premier ministre du Likoud qui refuse les négociations avec les Palestiniens envisage, pour donner le change, de rouvrir des pourparlers avec Damas. On doute que Washington soit dupe.