Selon les dernières statistiques du secteur, le nombre de touristes visitant le Maroc lors de la dernière décennie a plus que doublé. L'année en cours commence aussi sous le signe de la hausse. En effet, les arrivées touristiques dans le pays ont enregistré une croissance de 9% au cours des cinq premiers mois de 2013, alors que le chiffre des nuitées a aussi augmenté de 16% en mai dernier par rapport à la même période en 2012. Mais, Le tourisme fléchira-t-il sous l'effet du Ramadan ? Les avis divergent. Certains professionnels estiment que les touristes étrangers se sont adaptés à l'arrivée du mois de Ramadan en été et donc cela ne les empêche pas de voyager. D'autres semblent miser sur le tourisme interne. A raison d'ailleurs puisque ce segment constitue 26% du taux de remplissage. D'ailleurs le HCP s'est invité dans le débat sur l'effet du mois sacré sur le tourisme, en publiant une étude montrant que le Ramadan provoquera pour le secteur touristique, un sérieux manque à gagner : -44% pour les réductions des nuitées globales et -59% pour les nuitées des résidents (Lire détails ci-contre). « Les mois de juillet et d'août de chaque année correspondent au Maroc à la haute saison touristique durant laquelle le secteur atteint le pic de ses performances, tant en nombre d'arrivée que de nuitée et de taux d'occupation des établissements hôteliers. Cette année, l'industrie du tourisme et du voyage représente un des secteurs les plus touchés par le Ramadan, en raison particulièrement des arbitrages effectués par les marocains quant à la programmation de leurs congés annuels et au phénomène de concentration qui caractérise le secteur : un quart des nuitées globales et un tiers de celles des résidents sont en moyenne réalisés pendant ces deux mois seulement », analyse Abdelali Riahi, directeur d'une agence de voyage. Innovations ramadanesques Pour éviter que juillet soit un mois mort à cause du Ramadan, les hôteliers essayent d'innover pour inciter les Marocains à passer le mois sacré hors de leur foyer. Riahi pense que malgré les différentes formules spéciales Ramadan, les Marocains ne sont pas encore adeptes des vacances durant le Ramadan. L'ONMT, promoteur en chef de la destination Maroc, et d'autres opérateurs ne sont pas de cet avis. « Les offres ramadan marchent bien ailleurs notamment en Turquie, pourquoi ça ne marcherait pas chez nous », s'interroge un membre de la Fédération nationale du tourisme. Les spécificités géographiques du Maroc appuient l'offre touristique. Le balnéaire se trouve en tête des destinations promues dans ce sens. Toutes les villes se sont mises à l'heure du Ramadan. Globalement, les destinations nationales en vogue cette année sont les stations balnéaires comme Agadir, Saidia et le Nord (Marina Smir, Tanger). Marrakech s'est aussi mise à l'heure du ramadan. Des formules hébergement, f'tour et dîner en demi-pension sont proposées aux vacanciers musulmans. Des programmes d'animation et de distraction sont également prévus. Notons que les sites des deals proposent un éventail de choix touristiques incluant ftour, dîner et s'hour. Marrakech et Agadir, par exemple, sont bien promues sur les sites des deals avec des offres allant de 500 dirhams à 1.400 dirhams, selon la catégorie d'établissements. Des baisses de prix sont ainsi accordées et l'option « all inclusive » (tout compris) est la plus prisée. Les aoûtiens attendus en sauveurs « Le mois sacré a poussé la majorité des Marocains à reporter leurs vacances après l'Aid Al Fitr, d'où une concentration et une convergence des congés à prévoir cette année après cette période. À ce niveau, les flux seront déclenchés à partir de la deuxième semaine du mois d'août », commente un hôtelier de la place. Pour le moment, la plupart des destinations nationales importantes, notamment estivales, ont déjà fait le plein pour la période d'après Ramadan. Agadir, par exemple, afficherait complet après l'Aïd et connaîtrait, selon les pronostics des professionnels, une affluence massive des nationaux. C'est l'avis notamment d'Ilhame Taj, gérante d'un hôtel dans la capitale du Souss. Notons que ce sont plus de 261.168 touristes internes qui ont choisi Agadir pour leur séjour en 2012, contre 168.098 touristes seulement en 2009, ce qui représente une hausse soutenue de plus de 12% chaque année, tandis que parmi eux 29% de l'ensemble des touristes ont opté pour cette destination du Sud. Sa part de marché a évolué en termes d'arrivées, passant ainsi de 24,20% en 2010 à 29,89% en 2012, pour se situer actuellement à 30,40% durant le 1er semestre de l'année 2013