Rou'ya : Le CESE lance son premier avatar virtuel interactif    Comment la diplomatie algérienne a-t-elle reçu une gifle sévère au Parlement européen ? L'isolement s'intensifie    Burkina : Réunion de hauts fonctionnaires de l'AES pour l'examen des formalités de sortie de la CEDEAO    Lancement de la première école de basketball NBA au Maroc    Omra : Les vaccins contre la méningite disponibles en quantité suffisante    Prévisions météorologiques pour le dimanche 26 janvier 2025    La France se mobilise pour la sauvegarde du musée du Louvre    Le Maroc face aux Etats-Unis de Trump    Alger intensifie sa riposte contre Paris : un projet de loi pour supprimer la version française du Bulletin officiel examiné    Akram Roumani, nouvel entraîneur du MAS    PSG : Achraf Hakimi absent face à Reims    Kenya: 70 millions d'abonnements à la téléphonie mobile à septembre 2024    Est de la RDC: les Casques bleus appuient l'armée congolaise contre le « M23 »    Nouvel An lunaire: La Chine s'attend à 1,85 million de voyages par jour    S.A.R la Princesse Lalla Hasnaa préside à Rabat le dîner de Gala diplomatique annuel de bienfaisance    Tunnel sous-marin Maroc-Espagne : une étude de faisabilité allemande cherche à rendre le projet possible    Délocalisation : Pourquoi le Maroc est devenu un hub stratégique pour le nearshoring ?    Mine d'argent de Zgounder: La nouvelle usine d'Aya Gold & Silver monte en puissance    J-2 du tirage de la CAN Maroc 25: Regragui selon la CAF !    RCA-IRT: Les réserves techniques du Raja nulles et non avenues !    PL. J23: City - Chelsea, le Match de ce samedi!    Oussama Targhalline dément les rumeurs sur son arrivée en Botola    Les collectivités territoriales annoncent une grève pour dénoncer le blocage du dialogue    Coupe du Monde 2030 : le Maroc et le Portugal unissent leurs forces judiciaires    Le roi Mohammed VI nomme les nouveaux membres de la CNDP    Climatologie historique : Il était une fois le Royaume des neiges [INTEGRAL]    Le Canadien Genius Metals élargit son développement au Maroc et au Québec grâce à un financement de 947 000 dollars    Cobco, une filiale CNGR-Al Mada, inaugure ses premières lignes de production de matériaux pour batteries au Maroc    La bissara, soupe tendance en France en 2025 ?    En 2001, le film de guerre de Ridley Scott rendu possible grâce au Roi Mohammed VI    AES. Le passeport commun en circulation fin janvier    Le musée YSL Marrakech expose la collection de Hamish Bowles    Sahara : le Sénat chilien soutient à l'unanimité le plan d'autonomie    Melilla : Arrestation de 7 individus pour falsification de documents et immigration illégale    Rima Hassan au cœur de la tempête : accusations de loyauté envers l'Algérie et perte de crédibilité sur la scène politique française    Environnement : le milliardaire Michael Bloomberg paiera la facture américaine à l'ONU Climat si Trump arrête de payer    Sa Majesté le Roi nomme les nouveaux membres de la CNDP    Déclaration d'intention conjointe entre le Maroc et le Portugal pour renforcer la justice dans le cadre de la Coupe du Monde 2030    Le Nouvel An chinois : traditions et rituels intemporels    Rencontre : "Nous sommes pris par une forme de désir que la colonisation a mis en nous"    Rabat : lancement de l'offre nationale des colonies de vacances pour la saison 2025    Diffusion : la SNRT rejoint le réseau Es'hailSat    Code de la famille : 26 % des décisions de justice liées au divorce    Intenses activités de Karim Zidane au Forum économique mondial de Davos    Le gouvernement déploie de grands efforts pour lutter contre la rougeole    Poutine "prêt" à parler à Trump et attend "des signaux" de Washington    Le gouvernement français donne un tour de vis supplémentaire à sa politique migratoire    Droit de grève : Les discussions à la Chambre des Conseillers « se déroulent dans un climat de grande responsabilité »    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Istiqlal Une forte tradition de l'opposition
Publié dans L'observateur du Maroc le 18 - 07 - 2013

Benkirane, par tempérament ou pour d'autres raisons, a cru bon snober Hamid Chabat. Il aura suffisamment de temps pour se rendre compte qu'il a eu tort.
Le plus vieux parti du Maroc, l'Istiqlal, s'apprête à rejoindre l'opposition, un « métier » qu'il connait bien. En soixante-dix ans d'existence, le parti de la balance qui se voyait un temps comme le parti du pouvoir pour toujours, n'a en définitive été au gouvernement que moins d'une trentaine d'années, par intermittences et souvent de façon marginale.
Au début de l'indépendance, alors que son aile gauche qui donnera l'UNFP puis l'USFP, n'avait pas encore fait scission, l'Istiqlal s'était vu obligé de composer avec d'autres forces du pays moins engagées que lui dans la lutte pour l'indépendance et le retour de Mohammed V de son exil à Madagascar.
Deux fois il s'est trouvé à la tête du gouvernement. En 1958 pour une durée de huit mois avec Hadj Ahmed Balafrej, alors secrétaire général du parti ; et Abbas El fassi de 2007 à 2011, la période la plus longue et la moins glorieuse de ses participations gouvernementales.
Après la chute du gouvernement Abdallah Ibrahim, leader à l'époque de l'UNFP, l'Istiqlal revient au gouvernement avec trois ministres (M'hammed Douiri, M'hammed Boucetta et Abdelkhalek Torres) dont le président du conseil n'est autre que le roi Mohammed V qui a pour vice-président son prince héritier Moulay Hassan.
Au décès de Mohammed V en 1961, Hassan II, en même temps qu'il monte sur le trône, prend les rênes du conseil des ministres. Les istiqlaliens du gouvernement sont rejoints par leur leader historique Allal El Fassi aux Affaires Islamiques. Tout comme Benkirane et ses amis aujourd'hui qui se disent avoir été le rempart de la monarchie contre le
« Printemps arabe », les istiqlaliens avaient la fâcheuse tendance de laisser entendre qu'ils ont sauvé la monarchie que le colonialisme voulait anéantir. Velléité que leurs adversaires n'ont eu aucun mal à retourner contre eux.
La lune de miel ne dura pas plus de deux ans. En 1963, l'Istiqlal quitte le gouvernement pour une longue traversée du désert qui durera quelques quatorze années. Moins radical que l'UNFP de Mehdi Benbarka, Abderrahim Bouabid et autres Abderrahmane Youssoufi, l'Istiqlal connaît une moindre persécution mais recevra plus qu'à son tour les foudres du pouvoir.
Forgé dans la clandestinité de la lutte contre les autorités du protectorat, l'Istiqlal doit s'adapter à l'opposition aux « siens ». Il s'appuie sur un vaste réseau de sections et de sous sections qu'il colle au déploiement de l'administration territoriale. Il l'épie et la harcèle autant qu'elle le surveille et le réprime. Si en termes d'organisation et « d'encartement », les autorités réussissent à le cantonner, l'Istiqlal préserve une majorité sociale de telle manière que le pouvoir doit tenir compte de son poids.
Après le décès de Allal El Fassi en 1974 et l'arrivée de Mhammed Boucetta à sa tête, l'istiqlal, à la faveur de la mobilisation pour la récupération du Sahara Occidental, retrouve le chemin du gouvernement en 1977. L'idylle ne durera guère longtemps. La conscience malheureuse de ses bases et vite mise à mal par les émeutes du pain de 1981 et les jacqueries de 1984. L'Istiqlal prend des positions contre l'augmentation des prix et la répression qui s'en suit. Il n'en fallait pas plus pour exaspérer le roi. A son tour, il accuse l'Istiqlal d'avoir les fesses sur deux chaises. Commence le désamour.
En avril 1985, l'Istiqlal est « invité » à quitter le gouvernement. Mais les huit ans qu'il a passés au pouvoir l'ont délavé. Il doit se refaire une virginité. Un long travail de patience permet à Mhammed Boucetta de renouer avec les socialistes de Abderrahim Bouabid. Son enracinement territorial lui permet de reprendre rapidement du poil de la bête.
Qu'il pleuve ou qu'il fasse beau, l'Istiqlal garde toujours un substrat électoral qui lui permet de rester dans le peloton de tête. La préparation de l'alternance consensuelle accélère son retour sur les devants de la scène. Bien que laminés par l'administration aux législatives de 1997, les istiqlaliens vont jusqu'au bout de l'action commune avec l'USFP. Ils reviennent au gouvernement en 1998, d'abord dans la marginalité par rapport aux socialistes qui symbolisent l'alternance consensuelle, avant de prendre pour tout un mandat (2007 – 2011) la primature. Abbas El Fassi, successeur de Boucetta à la tête du parti et qui a réussi cet « exploit » par un effacement total en tant que premier ministre, donne un coup d'accélérateur aux mutations sociologiques de l'Istiqlal.
Driss Basri, puissant ministre de l'Intérieur au temps de Hassan II, définissait l'Istiqlal comme une Zaouïa, propriété d'un clan de familles
« consanguines ». Une bourgeoisie urbaine
répartie entre Fès, Casablanca, Rabat et Marrakech à la tête d'un parti dont la base est rurale et périurbaine. Par une politique encore plus clanique, plus centrée sur sa petite famille, Abbas El Fassi va finir par hâter une révolte qui couvait depuis des années contre l'égocentrisme des dirigeants istiqlaliens.
Hamid Chabat, un enfant de l'Istiqlal, descendu de la périphérie de Fès est l'illustration de cette génération de chair à canon dont se servait le parti. Il a été pour les anciennes directions de l'Istiqlal ce que l'éléphant domestique est pour les éléphants sauvages, un redoutable adversaire.
Les élites citadines lui reprochent ses « écarts de langage », son populisme mais lui s'adresse non pas à ceux qui vont pontifier dans les émissions télé sans jamais voter, mais à ceux qui le jour des élections se rendent aux urnes.
Benkirane, par tempérament ou pour d'autres raisons, a cru bon snober Hamid Chabat. Il aura suffisamment de temps pour se rendre compte qu'il a eu tort. Le tonitruant secrétaire général de l'Istiqlal est aujourd'hui à la tête d'un parti qui a un noyau dur de militants indéfectibles, une grande maitrise de l'opposition, qui a acquis également une bonne culture de gouvernement et qui sait autant que lui jouer sur les sensibilités populaires


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.