Le 15 janvier, après 20 jours d'une terrible offensive militaire non encore terminée, un millier de Palestiniens avaient déjà payé de leur vie l'arrogance d'Israël. Arrogance d'un Etat qui ne connaît que la force et veut ainsi régler les problèmes qui l'opposent à ses voisins en tentant de les mater. Hier c'était le Hezbollah libanais, aujourd'hui, le Hamas palestinien. Cette guerre du Jour de l'An est un désastre. Pour les Palestiniens d'abord. Il est excessivement rare, sauf pour des populations enfermées dans des ghettos, que, lors d'une guerre, des centaines de milliers de civils soient bombardés jour après jour sans avoir la possibilité de fuir le déluge de feu qui s'abat sur leur tête. C'est pourtant le cas à Gaza. La deuxième évidence : cette attaque israélienne va renforcer les radicaux au sein du Hamas. Le mouvement est divisé entre une aile politique, plus modérée menée par Ismaël Hanyieh, et des militaires qui obéissent à Khaled Mechaal exilé à Damas. Les politiques sont souvent mis devant le fait accompli des décisions prises par les militaires. Mais ceux-ci font des émules et l'été dernier, les élections aux différents Majlis es-Choura, à Gaza, en Cisjordanie, à Damas et parmi les prisonniers en Israël, ont été remportées par de jeunes militants radicaux, certains venant des camps palestiniens du Liban. Cette réalité du terrain va rendre encore plus difficile la réconciliation entre le Fatah de Mahmoud Abbas et le Hamas. Le 11 janvier, les manifestations de soutien au martyre de Gaza organisées à Ramallah ont tourné à l'affrontement entre les deux groupes. Des militants du Hamas ont été arrêtés par la police de l'Autorité palestinienne et des informations font état de l'élimination de membres du Fatah à Gaza par le Hamas la semaine passée. Et pourtant, la guerre va heureusement se terminer. Et les Palestiniens devront se réconcilier.... Le désastre est grand aussi pour Hosni Moubarak. Le président égyptien est le seul parmi les dirigeants arabes à s'être prononcé aussi durement contre le Hamas alors que celui-ci était sous les bombes israéliennes. Du pain béni pour les Frères musulmans égyptiens qui multiplient les manifestations de protestation. D'autant plus que les Palestiniens remarquent que si Israël tenait fermer les points de passage avec Gaza, l'Egypte en faisait de même à Rafah. Le Caire a toujours craint de voir entrer sur son territoire des islamistes du Hamas liés aux Frères musulmans égyptiens ou de se voir accuser par Israël de laisser entrer des armes à Gaza. Tous fermaient les yeux sur les tunnels creusés sous la frontière qui permettaient au Hamas d'un côté, aux policiers égyptiens de l'autre, de prélever leur dîme. Dernières victimes collatérales de cette guerre : les Occidentaux. Plus que jamais, les Etats-Unis mais aussi l'Europe, en dépit de la tentative de Nicolas Sarkozy de parvenir à un cessez-le-feu, auront donné l'impression qu'il y a deux poids deux mesures dans leur politique vis-à-vis du monde arabe et d'Israël. En bombardant une école de l'ONU puis une maison où l'armée israélienne avait demandé à des femmes et des enfants de se réfugier, se rendant ainsi responsable de près d'une centaine de morts civils, Tsahal a commis de vrais crimes de guerre. Ils auraient été qualifiés comme tel dans tout autre conflit. Là, les protestations ont été faibles. Les Occidentaux ne pourront plus se demander pourquoi nul ne les croit plus.