Contrairement aux apparences, il est peut-être plus facile de faire céder les Russes que les Israéliens. Nicolas Sarkozy en fait l'amère expérience. En août dernier, il s'était précipité à Moscou et à Tbilissi pour obtenir un cessez-le-feu entre les Russes et les Georgiens. Une mission menée sabre au clair et couronnée de succès. Cette semaine, alors que l'armée israélienne s'enfonçait au coeur de Gaza, causant de nombreuses victimes civiles parmi les Palestiniens, il a voulu réitérer, au Proche-Orient, sa victoire de l'été. Mais si le modus operandi de Nicolas Sarkozy est le même, là s'arrête la comparaison. Tel-Aviv n'est pas Tbilissi. Même si le président français estime, à juste titre, qu'il a des atouts dans sa poche. Outre son volontarisme à tout crin, il entretient d'excellentes relations avec Israël dont il s'estime proche, a conservé de bons contacts dans le monde arabe, y compris chez les Palestiniens (la France a organisé la conférence de Paris en décembre 2007) et espère être payé en retour par Bachar el-Assad, le Syrien qu'il a aidé à réintégrer la communauté internationale. La Syrie abrite Khaled Mechaal, le chef de l'aile militaire du Hamas avec lequel la France n'a aucun contact et Paris espère que Bachar pourrait lui recommander la modération. Nicolas Sarkozy est donc parti pour le Proche-Orient avec un objectif à double détente. Le premier : arrêter les combats, obtenir une trêve qui permettrait de mettre en place un corridor humanitaire pour venir en aide à la population. Dans un second temps, il veut, appuyépar l'Union européenne, obtenir la réouverture des points de passage de Gaza avec Israël et l'Egypte afin de mettre fin à l'enfermement des Palestiniens dans leur territoire grand comme un mouchoir de poche. Il sait qu'il lui faut d'abord convaincre les Israéliens que le Hamas ne recevra plus d'armes à partir des tunnels en provenance d'Egypte. La France et l'UE proposent ainsi de mettre en place des observateurs le long de la frontière entre Israël et Gaza et entre celle-ci et l'Egypte. Une solution qui ne plait ni aux Israéliens ni aux Egyptiens. Mais un déjeuner au Caire, un thé à Ramallah, un dîner à Jérusalem et un petit déjeuner à Damas n'auront pas suffi pour trouver la solution miracle qui ramènerait les protagonistes à la raison. Forts du soutien américain, talonnés par la perspective d'élections législatives qui verront la victoire des plus durs vis- à-vis des Palestiniens, les responsables israéliens sont devenus des jusqu'au-boutistes dans un pays qui s'enferme de plus en plus sur lui-même. Ils n'entendent pas arrêter leur offensive meurtrière avant d'avoir mis à terre, non seulement l'infrastructure militaire du Hamas, mais aussi sa capacité d'organisation politique. Le Hamas, de son côté, espère gagner politiquement ce qu'il va perdre sur le terrain militaire. Déjà, il a refait l'unanimité autour de lui au détriment de l'Autorité palestinienne et de son président, Mahmoud Abbas dont le mandat arrive à expiration le 9 janvier. Comme au sud Liban l'été 2006, Israël devrait l'emporter militairement et perdre politiquement. Le Hamas ne disparaîtra pas du paysage politique palestinien et Israël aura affaibli, une nouvelle fois, l'interlocuteur avec lequel elle aurait pu faire la paix, à savoir Mahmoud Abbas. L'Etat hébreu a aussi renvoyé aux calendres grecques tout espoir de se faire accepter au Proche-Orient. Une guerre de trop.