SOS Villages d'Enfants est une ONG internationale active dans le domaine des droits de l'enfant. Elle prend en charge plus de 80.000 dans les 133 pays où elle est présente, dont le Maroc. Zoom sur le modèle de cette structure. 700 enfants privés de famille sont accueillis dans les 5 Villages d'Enfants SOS et y grandissent jusqu'à leur complète autonomie, soit l'obtention de leur premier emploi. En provenance des orphelinats et hôpitaux du royaume, ces enfants sont accueillis dans un cadre familial. Une employée de cette association assure le rôle de la mère. La « mère SOS » assure le suivi scolaire et médical des enfants dans le cadre du foyer familial au sein des villages de Dar Bouazza à Casablanca, à El Jadida, Agadir et Imouzzar. SOS Villages gère aussi un programme en faveur des familles en situation difficile. « Les enfants qui risquent d'être abandonnés sont aussi pris en charge sur une durée limitée, avec leur mère biologique, dans nos programmes de lutte contre l'abandon que nous appelons Programmes de renforcement de la famille», explique l'ONG. Dans ce cadre, l'association dispose de 4 programmes en cours à Sidi Moumen, Sidi Bernoussi, Imouzzer Kandar et Imzouren. Ces programmes ont pour vocation de permettre aux familles les plus fragiles (généralement des mères seules) d'élever leurs enfants dans un environnement protecteur. 1.100 enfants et leurs mères bénéficient de ce programme. L'ONG dispose également de programmes destinés aux jeunes à besoins spécifiques et à la scolarisation dans le rural. La Kafala verrouillée « Ce modèle de qualité, toujours perfectible, a un coût », lance Béatrice Beloubad. Et la directrice nationale de SOS Village d'enfants d'ajouter : « la situation des orphelinats au Maroc s'explique par l'absence de moyens ». L'ONG qui tire 40% des ces recettes des partenariats au niveau national (mécénat, dons, parrainages) et 60% des dons étrangers subit les effets de la crise économique mondiale. « Nous nous préparons à des jours difficiles », craint Beloubad, appelant l'Etat à « s'engager fortement pour supporter le travail de la protection de l'enfance ». Elle propose que soit versé une subvention pour assurer le minimum vital à un enfant et l'association prendra en charge la différence. « Un enfant dans nos villages nous coûte 2.700 DH/mois, l'Etat peut nous verser pour chaque enfant 1.000 DH », suggère-t-elle. A noter que l'Entraide nationale verse aux orphelinats 165 DH/mois par enfant. Donc, on est très loin du compte. Pour Beloubad, « il faut surtout agir en amont pour éviter l'abandon des enfants. Ce phénomène est un problème de société qu'il faut débattre en toute sérénité pour trouver les solutions adéquates ». Chaque jour, 24 enfants sont abandonnés au Maroc, selon les chiffres d'INSAF. La Kafala, l'adoption islamique, était la porte de sortie pour certains des orphelinats. Aujourd'hui, elle a été verrouillée par la circulaire 40 S/2 du ministère de la Justice et des libertés. Sur cette base, l'adoption n'est plus accordée aux étrangers non résidant et même les Marocains résidant à l'étranger (MRE) trouveront des difficultés à adopter. Les enfants abandonnés devront-ils payer le tribut d'une certaine idéologie ?