Le continent africain, particulièrement sa partie subsaharienne, vit des transformations profondes sur tous les plans. Les transitions démocratiques s'imposent, même si les réalités sont différentes d'un pays à l'autre. On a pu assister à des alternances par les urnes dans plusieurs Etats. La gouvernance s'améliore, phénomène salué par des institutions comme la Banque Mondiale et le FMI. De véritables projets de développement sont mis en place par les nouveaux pouvoirs pour répondre aux besoins des citoyens. C'est une nouvelle ère. Depuis les indépendances, l'Afrique était confinée dans des économies vivrières, dépendant entièrement de l'exportation de ses matières premières à vil prix, jusqu'en 2008. Les relations avec l'ancien colonisateur ont joué un rôle malsain. Ce que l'on a appelé la Françafrique consistait notamment à protéger des gouvernements corrompus, contre un accès exclusif aux matières premières et aux marchés publics des pays concernés. L'Afrique mature sort de ce schéma. Recherchant le développement, elle s'ouvre au monde entier et n'est plus la chasse gardée des Européens. La Chine conforte sa présence chaque année sur le continent noir en y mettant les moyens. L'Europe est en crise économiquement, ce qui n'est pas le cas des pays du pacifique. Ces économies émergentes ont des taux de croissance très forts et un potentiel de développement quasi-illimité. Leurs décideurs n'ont pas les mêmes préjugés, la même condescendance que leurs homologues européens vis-à-vis de l'Afrique. Les changements auxquels nous assistons sont donc appelés non seulement à durer mais à s'intensifier. Cette diversification des relations économiques est une condition au décollage de l'Afrique. Elle a déjà permis un rééquilibrage du commerce des matières premières en faveur des pays producteurs. Plusieurs projets d'infrastructures sont financés par la Chine. On peut raisonnablement penser que son extension est en cours. Même les échanges humains s'inscrivent dans cette logique. Des étudiants africains, des chercheurs, sont accueillis en dehors de l'Europe. L'intérêt est mutuel parce que l'Afrique, ce n'est pas seulement un sous-sol riche, des matières premières en abondance, mais aussi un potentiel de croissance très élevé, certains pays affichant déjà des taux de croissance à deux chiffres. Le Maroc peut s'inscrire, profitablement, dans cette logique. Directement, par le biais de nos entreprises. Le système bancaire a joué un rôle précurseur, mais dans les bâtiments ou l'agro-industrie des groupes marocains ont entamé une belle aventure en Afrique. De manière stratégique, le Maroc peut créer des synergies avec des groupes cherchant à investir en Afrique. Le Royaume peut proposer sa proximité, sa connaissance du terrain et sa situation géographique privilégiée. C'est une démarche qui est dans les objectifs de l'Etat. Mais il revient au secteur privé de la mettre en musique. Nos entrepreneurs doivent se convaincre que l'Afrique n'est plus une chasse gardée de la France ou d'un autre colonisateur.