Le retour du Maroc en Afrique est patent depuis quelques années. Rompant la stratégie des axes politiques et des fausses alliances, la diplomatie marocaine a proposé une véritable coopération Sud-Sud à ses partenaires. On l'a vu lors de la dernière visite royale en Guinée équatoriale, cette coopération peut couvrir des champs d'activité très vastes. Le Maroc peut apporter son expertise et parfois sa simple expérience. L'approche est un modèle en Afrique où ce genre de coopération est proche du zéro. Longtemps, les rapports avec les anciennes puissances colonisatrices ont primé. Au point que l'on parle toujours de l'enterrement de ce que l'on a appelé «la Françafrique», sans y arriver. Ce vocable cache une politique détestable de paternalisme et de condescendance, qui n'a donné aucun fruit pour le développement réel du continent. Le conflit entre la RAM et ses partenaires sénégalais pose une question cruciale. Cette approche de la coopération n'a de sens et n'a de chances réelles de prospérer que si elle est basée sur le réalisme, la rationalité économique et l'intérêt commun. Que la RAM défende son point de vue, y compris dans un pays lié au Maroc par une amitié indéfectible, démontre que la vision développée par Rabat n'est pas celle d'une coopération à fonds perdus, visant plus les effets d'annonce que des effets réels sur les leviers du développement. Parce qu'il ne développe aucun paternalisme à l'égard de ses partenaires africains, parce qu'il ne lie la coopération à aucun alignement politique, le Maroc se refuse à une aide déguisée, dont il n'a, de toutes les façons, pas les moyens. Cette vision de la coopération finira par s'imposer, car le problème essentiel de l'Afrique c'est le développement, et celui-ci exige une intégration économique renforcée. Cette réalité s'imposera d'autant plus que l'Union africaine est impotente et que le rêve d'une union politique, dans un continent où les guerres tribales sont légion, n'est plus qu'une curiosité chimérique. Les partenaires du Maroc doivent faire le pas et sortir des anciens schémas hérités du passé et de leurs relations avec les pays européens. La coopération proposée est celle d'un marché gagnant-gagnant. C'est le seul moyen d'en faire une relation pérenne, sans lien avec le conjoncturel, au service de l'intégration économique et du développement.