Bill Clinton, l'ancien Président des USA a donné une conférence à Casablanca devant un public très large. Il a émis un point de vue positif sur les réformes au Maroc, estimant que le pays est en avance par rapport à la région. Selon lui, le développement économique est le principal défi. Mais, précise-t-il, à l'ère des nouvelles technologies, il n'y a pas de développement possible sans une très large diffusion du savoir, d'où l'importance de la formation. Les pays qui ont réussi leur émergence, ont d'abord bâti un système éducatif qui vise l'excellence. Le nôtre est en faillite depuis des lustres. Le constat est officiel et c'est sur sa base que la COSEF a été constituée il y a près de 20 ans. Toutes les réformes ont échoué, y compris la dernière, baptisée « programme d'urgence ». Pour avoir privilégié le nombre, sans se soucier du contenu, nous avons hypertrophié une école sans objectif. Nous avons densifié, massifié l'éducation, mais nous ne l'avons pas démocratisée. A côté de l'école publique, a prospéré un système privé, préjugé de meilleure tenue, et qui concerne des centaines de milliers d'apprenants de tous niveaux. Le problème des diplômés-chômeurs, focalise les interventions sur l'inadéquation entre la formation et les besoins du marché du travail. En réalité, le problème est beaucoup plus grave. A la sortie du primaire, les enfants ne savent ni lire, ni écrire et encore moins compter. Ils accèdent au collège, déjà handicapés. L'arabisation à outrance a échoué, parce que les élèves qui ne maîtrisent pas la langue, n'intègrent pas les autres connaissances. L'école n'est pas la seule en défaut. Les jeunes n'ont pas à leur disposition d'autres structures pour élever le niveau de leur culture générale : ni maisons de jeunes performantes, ni associations disposant de moyens, ni une vie culturelle attractive, ni médias publics assurant cette mission. Ce désert effroyable, s'ajoute à une école défaillante du système éducatif dans son ensemble. Il faut être dans un état de déni des réalités pour faire des projections optimistes de développement, sans s'attaquer sérieusement à ce chantier, car sans formation adéquate, il n'y aura pas de développement. L'industrialisation, aujourd'hui, ne peut utiliser une main-d'oeuvre non qualifiée et a besoin de profils pointus de la catégorie dite maîtrise, au sommet de la hiérarchie. Les servies ne peuvent se développer sans formation, sauf si l'on réduit nos ambitions aux centres d'appels. La réforme du système éducatif est la première des urgences. Chaque année de retard, sacrifie une génération. Cette réforme ne peut réussir que s'il y a consensus sur ses objectifs et les valeurs qui la fondent. Il faut arrêter d'afficher le nombre de bacheliers comme un trophée, alors que ce diplôme est totalement dévalorisé.