Par : Michael Peel Les petits prêteurs tentent de combler le manque croissant dans les produits d'investissement islamiques, rapporte Camille Salle. Une banque « boutique » d'investissement spécialisée du Golfe s'est procuré des millions de dollars de financement conforme à la charia pour un producteur brésilien de sucre et de l'éthanol. La transaction montre à quel point les petites entreprises créent des possibilités croissantes d'investissement pour les riches prêteurs islamiques de la région du golfe. L'accord, négocié par la société Abu Dhabi Equity Partners, consiste à financer un producteur anonyme d'alcool dans l'Etat brésilien Mato Grosso do Sul, tout en créant en même temps une opportunité d'investissement de trois mois pour le prêteur anonyme basé dans la région du golfe. La transaction souligne la façon dont les petites banques tentent de compenser la pénurie croissante en produits d'investissement islamique, puisque les grandes institutions financières internationales renoncent à ce secteur. «Nous cherchons quelque chose de plus grand», commente Muneef Tarmoom, l'un des fondateurs d' Abu Dhabi Equity Partners. « Nous avons une région avec des excédents d'énergie et du capital, et eux ont un grand marché qui n'a pas beaucoup de ces capacités ». Le système bancaire islamique encourage les négociations adossées à des actifs, interdit l'acceptation d'intérêts et évite toute activité considérée comme un péché dans l'Islam, dont notamment la consommation d'alcool et les jeux d'argent. Bien que la société brésilienne produise de l'éthanol – le nom scientifique de ce qui est généralement connu sous le nom d'alcool – l'affaire a été jugée conforme à la charia car le produit n'est pas destiné à la consommation humaine. Les petites entreprises comme Abu Dhabi Equity Partner semblent avoir plus d'appétit pour les nouveaux modèles de financement que leurs grands concurrents. Les banques internationales telles que HSBC, Morgan Stanley, Barclays et Deutsche Bank ont réduit leurs capacités dédiées à la finance islamique à Dubaï, le hub industriel. Beaucoup de ces banquiers ont désormais rejoint les petites entreprises ou crée leurs propres « boutiques » bancaires pour conseiller sur les transactions islamiques. « Les banques ‘Boutiques' se sont taillé une place », en tant qu'acteurs innovateurs et catalyseurs de nouveaux produits et services », a déclaré Iqbal Khan, directeur général de Fajr Capital à Dubaï, et l'un des pionniers du business islamique au sein de la HSBC. Mais comme produit plutôt complexe, la transaction d'Abu Dhabi Equity Partners n'est pas pour tout le monde. Selon le deal, le prêteur achète de l'éthanol, qui est ensuite vendu par le producteur après un délai de trois mois. À la suite de la vente, les fonds d'origine sont restitués au prêteur à un taux de profit fixe. Ensuite, tout bénéfice sur la vente sera remis à l'agriculteur. Bien que le montant de la transaction n'ait pas été divulgué, selon un inventaire typique des opérations financières, elle peut aller de 5 à 25 millions de dollars environ. L'éthanol en question peut alimenter jusqu'à 500.000 voitures pendant une semaine, précise M. Tarmoom. Bien que l'affaire soit complexe, M. Tarmoom indique qu'elle met en évidence le désir des investisseurs de prêter contre des biens matériels sous-jacents. Cette opération permet au prêteur de visualiser le bien dans un entrepôt par un appareil photo. Mais les petites entreprises « boutiques » telles que celle gérée par M. Tarmoom peuvent faire face à des défis pour maintenir des coûts bas et des transactions rentables, disent les banquiers. « Ces boutiques doivent relever le défi d'avoir une proposition crédible et ciblée qui fournit un service à des prix avantageux », explique M. Khan. « Elles ont également besoin d'avoir un business model et une structure de gouvernance, ce qui leur donne une confiance et une crédibilité vis-à vis de leurs clients », at-il ajouté. Comme les banques d'investissement internationales sont en baisse en raison de la demande en matière de capital pour d'autres fins, les « boutiques » islamiques naissantes peuvent également exercer une concurrence entre elles. Comme l'a indiqué Yavar Moini, le directeur général de M Capital et ancien directeur exécutif chez Morgan Stanley : « Une prolifération croissante de ces entreprises peut conduire à une concurrence interne qui, en l'absence d'un barème peut avoir de graves effets indésirables ».