Par : Mounia Kabiri Kettani « Il faut que le ministère trouve les moyens financiers et humains pour que ce programme continue. Nous avons montré le chemin, nous ne pouvons pas continuer car ce n'est pas notre rôle. A vous, les Marocains de prendre le relais ». L'appel lancé par Eneko Landaburu, ambassadeur de l'Union européenne au Maroc, à l'adresse du Maroc, pendant la conférence de clôture du programme «Faciliter la Création d'Entreprises au Maroc grâce à la diaspora marocaine installée en Europe » (FACE), mardi 15 à Casablanca, est clair. L'Union européenne n'est plus prête à financer ce programme, mais elle ne veut pas non plus que l'aventure s'arrête là. Or, le ministère a un autre avis. « Nous sommes prêts à continuer notre collaboration avec IntEnt (ndlr, l'association hollandaise qui a porté le projet FACE, ndlr), mais nous avons encore besoin de nos partenaires pour mener à bien tous nos programmes », déclare Abdelfattah Sahibi, directeur du Développement au ministère délégué auprès du premier ministre en charge de la Communauté marocaine à l'étranger. Il faut dire que le ministère s'est contenté du rôle d'accompagnateur institutionnel. Il n'a pas participé au financement. L'UE a participé à hauteur de 1,5 millions de dirhams dans le programme sur une durée de 4 ans. Le reste, 680.000 DH a été partagé entre IntEnt Pays Bas, l'association principale et promotrice du projet, Agence Française de développement (AFD), et le Centrum fur internationale Migration und Entwicklung (CIM). Un bilan positif 236 entreprises ont été créées grâce à ce projet, générant 844 emplois directs. Près de 85 millions de dirhams ont été investis. Des entrepreneurs issus majoritairement d'Italie (28% des créations), de France (25%), des Pays Bas (16%) et d'Espagne (15%). Les secteurs tertiaire et le BTP ont drainé chacun 16% du total des entreprises créées, suivis par l'hôtellerie et la restauration (15%), l'import et la distribution (12%), la logistique et les transports (11%) pour ne citer que les principaux domaines. Le taux d'échec ne dépasse pas 10%. « 89% des entreprises créées en 2009 sont encore vivantes au dernier trimestre 2012. Ce qui montre une construction adéquate des projets », souligne Peter Coelewij, chef de projet FACE. Drainer les investissements productifs Nul ne peut ignorer l'impact de la contribution des MRE sur l'économie nationale. Le volume des transferts des MRE a connu une croissance économique continue depuis les années 60 pour se situer aux environs de 7,6% du PIB en 2011. Or, malgré le niveau important des transferts, peu de migrants semblent enclins à investir au Maroc. « Comment les convaincre de venir investir, surtout que leurs investissements peuvent être à forte ajoutée et permettront à la fois de dynamiser l'économie et l'export ? », s'interroge Rachid Amrani, DG de Original Invest. Le ministère semble conscient de cet état de fait. La preuve, toute une stratégie est en cours de réalisation pour encourager des investissements de la diaspora marocaine dans leur terre d'origine et pour les orienter vers les secteurs productifs. Si la diaspora hésite aujourd'hui à venir investir au Maroc, ce n'est pas pour une question de moyens. D'ailleurs Rachid Amrani est catégorique : « Les MRE n'ont pas besoin de mécanismes financiers, mais plutôt d'information et d'accompagnement ». Et il se réfère à une étude de la Banque Mondiale qui révèle qu'à peine 9% de la diaspora investissent via les crédits bancaires et 68% à travers leurs fonds propres.