«Le cofinancement européen prend fin. A vous de jouer maintenant». C'est en ces propos fermes et clairs que l'ambassadeur de l'Union européenne au Maroc, Eneko Landaburu, s'est adressé au représentant du ministère chargé des Marocains résidant à l'étranger et ce, lors de la conférence de clôture du projet «Face Maroc» hier, mardi 15 janvier, à Casablanca. A son lancement en 2009, «Face Maroc» était perçu comme porte d'attraction à la diaspora marocaine installée en Europe désirant investir au Maroc. Ce projet arrive à terme aujourd'hui avec un bilan jugé «plus que positif» selon Abdelfattah Sahibi, directeur des émigrés au ministère chargé de la communauté marocaine résidant à l'étranger. Toutefois, le retrait et la fin du cofinancement accordé par l'UE laisse place à plusieurs inquiétudes. Si en quatre années, «Face Maroc» a permis la création de 236 entreprises, avec un investissement total de 85.126.220 dirhams et plus de 844 emplois directs générés, ce projet, aussi ambitieux soit-il pas risque de couler si le ministère ne se dépêche de trouver les moyens financiers nécessaires. L'UE ayant exprimé clairement l'arrêt de ses fonds, le Maroc est appelé à multiplier ses partenaires afin de mener à bien sa politique d'accompagnement à ses MRE porteurs de projets. Voulant apaiser ces inquiétudes, Abdelfattah Sahibi note que le ministère travaille actuellement sur une stratégie globale et mettra en place des mécanismes concrets pour ce qui est de l'appui des investissements de la diaspora marocaine résidant en Europe. «Nous dévoilerons les détails de cette stratégie en fin 2013. Ceci dit, nous avons encore besoin de l'UE pour mener à bien nos programmes», insiste-t-il. Comme alternative, le ministère entend faire revivre le fonds MDM Invest. Créé en 2009 dans le souci de valoriser ces transferts ainsi que la participation des expatriés au développement du pays, ce fonds permet aux MRE souhaitant créer ou étendre un projet de bénéficier d'une subvention de 10% du coût des projets ciblés se situant entre 1 et 50 millions de dirhams avec un apport personnel d'au moins 25%. Revoir le mécanisme de ce fonds et améliorer ses performances serait-il l'unique issue pour le ministère de tutelle?. A l'heure actuelle, aucune visibilité n'est donnée. «Une fois la stratégie finalisée, nous saurons définir les bons mécanismes de financement», rassure le directeur des émigrés au ministère chargé de la communauté marocaine résidant à l'étranger. Il est à noter que malgré les efforts déployés pour faire profiter au Maroc de ses propres compétences et de capitaliser sur ses richesses, les investissements des Marocains du monde demeurent extrêmement faibles et ne dépassent pas les 3% de la globalité des transferts que ces derniers effectuent annuellement vers leur pays d'origine. Or, leur capacité d'épargne peut être un réel levier de développement pour l'économie marocaine, et surtout pour le commerce extérieur grâce à leur double culture. Une chose est sûre, les transferts des MRE tant appréciés par le Maroc risquent de connaître un réel déclin, notamment à cause de la crise que vivent leurs pays d'accueil mais aussi du fait que la seconde vague d'immigrés est moins habituée à envoyer de l'argent dans le pays d'origine. Dans ce sens, l'enjeu qui se pose serait de miser davantage sur le potentiel des MRE en leur balisant le terrain d'investissement productif et en appuyant le montage de projets allant dans ce sens.