Quelque 236 entreprises créées, avec un investissement total de 85.126.220 DH, générant 844 emplois directs. L'UE, qui a co-financé le programme Face Maroc, a apporté 1,5 millions d'euros durant ces quatre dernières années. La partie marocaine du programme est appelée à trouver les moyens financiers et humains pour pérenniser ce programme. La conférence de clôture du projet Face Maroc, le programme de facilitation de la création d'entreprises au Maroc grâce à la mobilisation de la diaspora marocaine installée en Europe, a fait le bilan sur une expérience de près de quatre ans. Et surtout tiré les enseignements nécessaires de ce programme, cofinancé par l'Union européenne et lancé en 2009 par la Fondation IntEnt des Pays-Bas, l'AFD de France, le Centrum für internationale Migration und Entwicklung (CIM) en Allemagne et IntEnt Maroc. L'objectif principal était de promouvoir le développement économique durable et la création d'emplois au Maroc à travers l'encouragement de la diaspora marocaine installée en Europe à transférer son savoir-faire acquis dans les pays d'accueil vers son pays d'origine, en appuyant le montage de projets économiques, notamment la création de PME et de TPE. Pour l'occasion, l'Ambassadeur de l'UE au Maroc, Eneko landaburu, a souligné l'importance des migrants aussi bien pour les pays d'accueil que pour les pays d'origine. «La valeur ajoutée des migrants est incontestable, ils sont un facteur de croissance pour leurs pays d'origine comme ils ont participé à la création de richesses dans leurs pays d'accueil», souligne-t-il, Eneko avant d'insister sur l'importance pour le Maroc de mieux exploiter sa diaspora à l'étranger. «Les résultats de ce programme me donnent l'espoir pour le futur, avec l'engagement de la Fondation IntEnt pour que ces projets créés se développent», poursuit l'ambassadeur de l'UE. L'UE, qui a co-financé le programme Face Maroc, a apporté 1,5 millions d'euros dans le moulin ! Mais, ce co-financement arrive à son terme, à la clôture du programme. En effet, bien qu'il ait insisté sur le fait que les réalisations dépassent largement les objectifs fixés, Eneko Landaburu a appelé les autorités et les partenaires marocains à prendre la relève en trouvant les moyens financiers et humains pour que le programme réussisse et que les projets créés puissent se développer, et ce d'autant plus que d'autres projets sont dans le pipeline. Intervenant également lors de cette conférence de clôture, Abdelfattah Sahibi, le directeur des Emigrés au ministère chargé de la Communauté marocaine résidant à l'étranger, a annoncé que son ministère est en train de mettre en place toute une stratégie de promotion de l'investissement des MRE, en partenariat avec l'AFD, tout en tenant compte de toutes les initiatives qui vont dans le même sens. D'ailleurs, la promotion des investissements des MRE est au cœur de la stratégie du ministère de tutelle, puisque l'investissement MRE ne représente que 3% des 58 milliards de DH qu'ils transfèrent. «Les réalisations du projet Face Maroc ont largement dépassé les objectifs escomptés. Nous avons cru et accompagné ce programme et nous sommes disposés à continuer à le faire», a préicisé Abdelfattah Sahibi, sans pour tant s'engager à fournir le financement nécessaire ! Sachant également qu'au lancement du projet en octobre 2009, plusieurs partenaires et fondations marocaines étaient soi-disant «partantes», mais ne sont plus présents aujourd'hui (sic). En quatre ans, il s'est bien passé des choses ! Ceci étant, Abdelfattah Sbihi a souligné que le ministère travaille sur des dispositifs et mécanismes qui permettraient de promouvoir également les investissements indirects via le capital investissement, en plus de la mise en place d'un système d'accompagnement et d'orientation de l'acte d'investir. Le Président de la fondation IntEnt, Jacques Kemp, était lui très heureux de participer à cette conférence, surtout que les résultats ont été concluants, malgré les difficultés en termes d'objectifs chiffrés et de mise en place de procédés d'accompagnement des créateurs de projets. «Plus que de profiter aux entrepreneurs eux-mêmes, ces entreprises participent au développement économique du pays, dont le tissu économique est essentiellement composé de PME», précise-t-il. Un bilan qui dépasse les attentes ! Au lancement du projet en 2009, l'objectif sur lequel se sont engagés toutes les parties prenantes était 225 créations d'entreprises, générant 1.350 emplois directs sur une durée de 4 ans. Pendant ces quatre années donc, les partenaires stratégiques (la fondation IntEnt, CIM, AFD et IntEnt Maroc) ont travaillé pour atteindre cet objectif. Résultats des courses : entre avril 2009 et fin novembre 2012, les partenaires ont pu réaliser 236 créations d'entreprises, avec un investissement total de 85.126.220 dirhams. Ces entreprises ont généré 844 emplois directs (y compris l'entrepreneur) lors du début de leur activité. La répartition des profils, pays de résidence et secteurs d'activités s'établit comme suit: 15% des entreprises appartiennent à des femmes, contre 85% créées par des hommes. L'Italie représente 28% des créations, la France 25%, les Pays-Bas 16%, l'Espagne 15%, l'Allemagne 7%, la Belgique 4%, l'Angleterre 3% et les autres pays européens (Suisse, Portugal, Pologne) 1%. Le secteur tertiaire représente 16% du total des entreprises créées (50% dans la région de Casablanca et 23% dans la région de Rabat). Le secteur économique du bâtiment et des travaux publics représente 16% (53% dans la région Tadla –Azilal et 17% dans la région de Marrakech). Le secteur de la restauration et de l'hôtellerie représente 15% (31% dans la région de Tadla-Azilal, 23% dans le grand Casablanca et 15% à Marrakech et dans le Sud). L'import et la distribution représentent 12%, la logistique et les transports 11% et l'industrie 3%. Dans son bilan du projet Face Maroc, IntEnt Maroc note que 89 % des entreprises créées en 2009 sont encore vivantes au dernier trimestre 2012, ce qui montre une construction adéquate des projets. En effet, les nouvelles entreprises sont particulièrement fragiles dans les premières semaines et mois suivant leur création. En plus de son objectif de création d'entreprise, le projet Face Maroc a aidé à la création d'une structure solide d'accompagnement au Maroc pour les entrepreneurs de la diaspora marocaine ayant l'habitude de travailler avec des cultures d'affaires européennes. Ceci a pu être réalisé grâce à l'adaptation de la méthodologie de la Fondation IntEnt à la situation et la réglementation marocaine, ainsi que la mise en place de nouveaux outils et supports de travail adaptés aux besoins et au vécu des entrepreneurs. IntEnt Maroc a mis en œuvre plusieurs partenariats européens et participé au lancement d'autres projets, notamment le projet de réinsertion économique de l'Office français d'immigration et d'intégration (OFII), le projet Milan pour le co-développement et le projet REMIDA en Italie. En 2011, un site Internet a été lancé pour permettre la diffusion de l'information relative au programme et projets soutenus. Les entrepreneurs et associés peuvent ainsi communiquer leur vécu, partager leurs expériences et faire part de leurs questions. Tout n'était pas facile ! Dans son rapport de clôture du programme, IntEnt Maroc note que les personnes ayant eu une expérience professionnelle avant de créer leur entreprise et qui croit en leur projet ont un meilleur taux de réussite, notamment ceux qui disposent d'une qualification spécifique. L'expérience dans la même activité et l'attitude d'entrepreneuriat sont des facteurs déterminants. «Il se passe en général beaucoup de temps avant que les MRE ne décident d'entamer les démarches de création d'entreprise. Ce décalage se justifie par plusieurs facteurs qui constituent autant d'obstacles au démarrage réel du projet : l'appui de la famille de l'entrepreneur, les difficultés à obtenir un financement, les formalités d'obtention des autorisations qui prennent souvent beaucoup de temps, et enfin la difficulté à trouver un emplacement adéquat ou un fonds de commerce pour location ou achat dont le prix soit abordable», explique-t-on. Les raisons pour lesquelles les MRE décident d'entreprendre au Maroc sont diverses et variées. Le projet peut découler d'un désir d'indépendance, d'une envie de créer ou bien d'une opportunité qui s'est présentée à eux. Certains MRE ont aussi envie ou besoin de changer de situation professionnelle, ou bien redoutent le chômage en Europe à cause de la crise. Les personnes les plus diplômées évoquent davantage l'indépendance ou l'envie de créer, alors que les personnes sans formation mentionnent prioritairement les questions d'opportunité ou la peur du chômage. Les MRE sont généralement encouragés par leurs proches résidant au Maroc et non par leur entourage professionnel en Europe. Entreprendre, un acte non dénué de risques IntEnt Maroc rappelle que créer une entreprise est une affaire délicate et cela s'avère encore plus difficile pour les porteurs de projets MRE qui souhaitent lancer une entreprise au Maroc, un pays «étranger» avec une autre culture des affaires. Les partenaires du projet Face Maroc ont, à ce titre, reçu beaucoup de gens désireux de créer leur propre entreprise au Maroc, néanmoins une grande partie d'entre eux n'a pas réussi à réaliser son rêve. Nombre d'entre eux décident, à la fin du processus, de ne pas franchir la dernière étape et abandonnent leur projet de création. Les futurs promoteurs rencontrent divers obstacles, tant au niveau du projet en lui-même que de son environnement. Ces obstacles interviennent à différents stades de son évolution et même après que l'entreprise a été créée au Maroc. Les éléments qui posent problème dans la phase de création sont particulièrement : le manque de fonds propre et le fait que les institutions financières ne soient pas toujours intéressées par le financement de PME ou TPE en cours de lancement. A ceci peut s'ajouter certaines lourdeurs administratives, ainsi qu'un manque d'informations concernant les démarches à suivre avec les administrations. Enfin, le manque de maîtrise des langues française et/ou arabe, les différences culturelles, sociales et économiques entre le pays d'accueil et le Maroc peuvent représenter un obstacle décourageant les promoteurs. Le projet Face Maroc a montré dans sa durée que l'entrepreneur n'est pas à l'abri des problèmes une fois son affaire créée. En effet, les chefs d'entreprise sont souvent victimes du poids excessif des charges et des dépenses et ne sont pas suffisamment informés quant aux avantages fiscaux, sociaux et subventions auxquelles ils peuvent avoir droit. Les MRE manquent aussi d'informations sur les administrations et leur mode de fonctionnement, car ils ne vivent pas au quotidien dans le pays d'origine. Il a été noté, d'autre part, que certains MRE manquent de connaissances sur les aspects spécifiques du secteur d'activité dans le pays d'origine. Enfin, le stress social et psychologique lié au déménagement et à la vie de tous les jours dans le nouveau pays d'accueil peut nuire au bon fonctionnement de l'entreprise. Pour preuve, 10% des clients n'ont pas réalisé leur projet après la finalisation du projet d'affaires, car ils n'ont pas voulu changer de vie !