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Le retour à la terre de Miloud Labied
Publié dans L'observateur du Maroc le 24 - 10 - 2008

Nous ne savons pas par quel hasard Miloud Labied se retrouve dans l'atelier d'expression plastique que Jacqueline Brodkis animait au lendemain de l'indépendance pour le compte du ministère de la Jeunesse et des Sports. Son premier tableau, il le signe en 1957 à l'âge de 28 ans et participe dès 1968 à une exposition collective au Musée des Oudayas à Rabat.
Miloud peint alors des scènes marocaines dans des tons sourds, avec un trait ferme. Son figuratif relève certes du « naïf » -comme on disait alors, non sans condescendance- mais il est dépourvu de toute niaiserie. Hussein Tallal qui a bien connu l'artiste témoigne : « Il y avait beaucoup de fraîcheur, de force et de personnalité dans ce travail. Mais l'idéologie de l'époque voulait de l'abstrait et uniquement de l'abstrait. Avant que Miloud n'en fasse, beaucoup d'autres artistes installés refusaient d'exposer à ses cotés. » Lui-même a dit : « J'ai compris que la figuration ne mène à rien. J'ai cherché autre chose. » Cela sera d'abord une certaine abstraction gestuelle et lyrique qui aboutira dans les années 70 à une abstraction géométrique épurée très Kandinsky en passant par d'étonnantes et vives sculptures en résine de polyester célébrant dans ses rondeurs affirmées on ne sait quel désir de maternité avorté. Dans les années 90 et 2000, alors que sa cote avait sérieusement grimpé (dépassant allégrement les 150 000 DH), Miloud Labied peignait très peu. Par orgueil et manque de temps. L'artiste était occupé : sur ses fonds propres et durant neuf ans, il construit avec ténacité et peu d'encouragement sa Fondation des Arts graphiques. C'est à 70 kilomètres de Marrakech, dans le village Tafroukt Assil Al Mal, adossé à l'Anti Atlas et culminant à près de 1000 m que Miloud a planté un long bâtiment tout simple abritant une soixantaine de gravures, lithographies ou sérigraphies signées des plus grands noms locaux et internationaux du XXème siècle : Chagall, Corneille, César, Buffet, Kandinsky, Cocteau et autres Belkahia. La collection de toute une vie faite de voyages, d'échanges, d'achats.

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