Rougeole : Tahraoui annonce un plan renforcé de vaccination et de surveillance    Salon Halieutis : Vers une pêche maritime durable    Tourisme. Les MRE dépensent plus que les locaux    Partage de données et d'expertise : Signature d'une convention entre le HCP et l'ACAPS    Média espagnol: le Maroc, un modèle en matière de protection de l'environnement    L'activité des ports marocains en nette progression, Tanger Med consolide sa position    La députée européenne Sarah Knafo : L'Algérie coûte à la France plus de 9 milliards d'euros par an    Fouzi Lekjaa annonce l'ouverture prochaine d'un complexe sportif à Bouskoura    Coupe du Roi : le dernier carré est connu    Rougeole : Adoption d'un plan multiaxial pour endiguer la propagation du virus    Cheb Khaled, la star mondiale du raï, choisit de s'établir définitivement avec sa famille à Tanger    Télévision : On connait la grille des programmes «Ramadan Al Oula»    Dar Jamaï, musée national de la musique à Meknès, dévoile l'éclat du métal    Moroccan kickboxer Badr Hari released after alleged assault on ex-wife in Amsterdam    Wenger, leadership et inspiration… retour sur la première réussie du Challenge Leadership Show    Mohamed Tsouli Mdidech : Une vie, une mémoire, un héritage    Le Médiateur du Royaume s'entretient à Rabat avec le président de Diwan Al-Madhalim saoudien    Rétro-Verso : Mandela et le Maroc, une alliance historique au-delà des ingratitudes    Israël : La visite d'une ministre au Maroc fait polémique    Défense : Des experts israéliens se rendent au Maroc    Nouvel échange de prisonniers entre Moscou et Kiev    Nigeria : 17 enfants morts dans l'incendie du dortoir d'une école    Marco Rubio boycotte le G20 en Afrique du Sud et dénonce l'agenda de Pretoria    Une législation au rabais ? Une absence massive des députés a entaché l'adoption de la loi sur l'exercice du droit de grève    Rabat : Ouverture de la réunion des présidents des Parlements des Etats africains atlantiques    Droit de grève : un projet de loi qui "passe" en travers de la gorge    Le chef de la diplomatie irakienne en visite de travail au Maroc    Golf : Signature à Rabat d'une convention de coopération entre la FRMG et l'AMAD    Coupe d'Italie / Quarts de finale : L'AC Milan file en demi-finales    Eliminatoires de l'Afrobasket 25 : L'Equipe nationale en stage depuis mardi    Parlement : Le projet de loi sur l'organisation judiciaire adopté à l'unanimité    Températures prévues pour le vendredi 7 février 2025    Morocco welcomes record 1.2 million tourists in January    Anasse Bari, Moroccan AI professor honored at New York University    Spain : 58 Moroccans arrested for welfare fraud    Avantages préférentiels pour les jeunes Marocains dans l'accès au logement : Mehdi Bensaïd et Al-Omrane actent un partenariat    La France enregistre une hausse de 16,8 % des visas accordés en 2024, le Maroc en tête des bénéficiaires    Chambre des conseillers : séance plénière lundi pour la discussion d'un exposé sur les activités de la Cour des comptes    L'essentiel de l'enquête trimestrielle de BAM au T4-2024    Interconnexion Maroc - Mauritanie : Premier pas vers un marché électrique régional [INTEGRAL]    Anasse Bari, expert marocain en intelligence artificielle, primé à l'Université de New York    Lancement de l'année culturelle marocaine en Suède    Cannabis thérapeutique : l'ANRAC s'allie à l'UAE    Un membre du Congrès américain fait pression sur Kaïs Saïed et propose une loi pour sanctionner son régime    ComediaBlanca Festival : Une 2e édition encore plus ambitieuse, lancement des BlindPass    Le tunisien Lassad Chabbi reprend les commandes du Raja Casablanca    FLAM 2025 : Une belle célébration des littératures africaines contemporaines    Le projet de loi relatif à la protection du patrimoine porté par Mehdi Bensaïd adopté par les députés    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Miloud, peintre des passions obscures
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 12 - 12 - 2003

Le peintre Miloud Labied s'apprête à mettre la dernière pierre à une fondation où seront exposés des noms qui comptent dans l'Histoire de l'art moderne. Considéré comme l'une des figures marquantes de la peinture au Maroc, Miloud ressemble à un personnage dont le flegme britannique enveloppe des charbons ardents.
Miloud Labied peint au seuil de son appartement. La signature qu'il appose sur ses tableaux est placardée sur la porte d'entrée. Au lieu d'indiquer son identité en inscrivant platement ses nom et prénom, il signe par “Miloud“. C'est ainsi qu'il est connu dans le monde de l'art. Miloud sans piédestal, ni lettres gothiques, de même que ses tableaux tiennent sans cadre doré, ni marie-louise toilée. L'intérieur de son appartement ressemble à un capharnaüm où des objets d'Antiquité se mêlent aux télécommandes d'une télé, d'un récepteur numérique et d'une chaîne hi-fi. Miloud aime le marché aux puces. “J'y achète encore mes habits“. Sa passion pour l'Antique va de pair avec une curiosité pour les nouvelles technologies. Il sort souvent un agenda électronique pour chercher le numéro de téléphone d'un ami. Dans le bric-à-brac d'objets qui décorent son quotidien, deux vieux pendules occupent une place à part. Ils sont massifs, fonctionnent parfaitement, mais sans indiquer exactement la même heure. Leur petit dérèglement est à l'unisson du grain de sable qui empêche la peinture de Miloud d'être parfaitement huilée. Une peinture qui comporte sa part obscure. Les formes circulaires qui la caractérisent sont des tourbillons qui tiennent l'imaginaire de l'artiste prisonnier d'un événement qui remonte à son enfance.
Pourquoi deux motifs arrondis récurrents dans la peinture de Miloud? L'artiste n'a aucun mal à en préciser la teneur autobiographique : “Je me souviens encore d'un jour pluvieux à la campagne où je me suis accroupi près d'un brasero pour me réchauffer. Mon père est rentré tout trempé des champs, il portait une djellaba. Il ne m'a pas vu et a écarté les jambes pour s'emparer de la chaleur des braises. Il m'a enveloppé en même temps que le brasero. J'ai levé les yeux et j'ai tout vu de ses parties intimes…“ Miloud se souvient sans trémolo dans la voix, en enveloppant juste l'atmosphère du lourd nuage de la fumée de ses cigarettes brunes. Il cache une cartouche de cigarettes de la marque Olympic Bleu sous la table, et enchaîne sans répit une cigarette après l'autre.
La fumée de ses cigarettes a ajouté une mince couche jaune au nombre impressionnant de tableaux qui tapissent les murs du petit salon. Des tableaux offerts par ses amis. Il en a reçus d'autres qu'il a négligemment jetés dans un coin. “Je distingue entre l'homme et l'œuvre. J'ai des amis peintres que j'aime beaucoup, mais dont je ne peux pas voir la peinture“. Miloud est très connu pour son franc-parler. Il dit des choses étonnantes sans élever la voix. Il a une façon flegmatique d'appréhender les accidents de la vie. De ne pas s'étonner qu'un proche ne puisse pas survivre à une maladie incurable. Miloud est la personne la moins indiquée pour les hommages nécrologiques. Sa voix jure toujours par son réalisme avec le concert de discours émotifs. Son franc-parler lui a valu un tollé de protestations des peintres, après la parution d'une monographie sur Jilali Gharbaoui. Miloud avait confié à l'auteur du livre ce que tout le monde savait déjà. Il avait parlé de l'homosexualité de Gharbaoui. L'indignation des peintres est pour le moins impromptue. Depuis quand l'homosexualité enlevait quoi que ce soit à la virilité d'une expression artistique ?
Miloud laisse passer les orages. Il en a connu d'autres. Des orages secs ! 1945 est une année rude pour les campagnes marocaines : épidémies et sécheresses ont combiné leur force pour venir à bout des récoltes et des hommes. Le père de Miloud décide alors d'emmener ses enfants chez un oncle qui vit à Salé. Ils marchent à pied de leur douar jusqu'à Sidi Hajaj dans la région de Khouribga. “Je me souviens encore de ce jour-là. Le ciel était couvert. On voyait de temps à autre des avions de chasse et des aéroplanes dans le ciel“ dit Miloud. Il a dû travailler pendant un mois à Sidi Hajaj pour ramasser l'argent du train. Comme il n'a jamais été au msid ou à l'école, Miloud s'est cramponné à la peinture. “Je n'ai pas choisi d'être peintre, je me suis retrouvé dans la peinture“. Il entre dans l'atelier d'une dame au sujet de qui il ne tarit pas d'éloges : Jacqueline Brodsksis. Première exposition au musée des Ouddayas en 1958. Depuis, Miloud n'a pas cessé de peindre.
Miloud Labied est né en 1939 au douar Oualad Youssef dans la région de Kalâat Sraghna. Aujourd'hui, il quitte peu à peu son appartement à Rabat pour revenir à la campagne. Il rêve de mettre la dernière touche à sa fondation, située à 22 km d'Amzmiz. Cette fondation est appelée à abriter l'importante collection d'estampes dont dispose l'artiste. La collecte de toute une vie dévouée à l'art. Certaines œuvres lui ont été données par ses amis artistes, d'autres ont été achetées. Ces gravures et lithographies attestent le goût sûr de Miloud en matière d'art. On y trouve des noms qui font la fierté des grands musées d'art moderne dans le monde. Il suffit de citer Hartung, Kandinsky, Bellmer, Corneille, Chagall, Karl Appel, Leonor Fini, Vieira Da Silva, Matta ou Bernard Buffet pour s'en convaincre. Cette fondation est le sujet qui passionne le plus aujourd'hui Miloud. Elle souligne le sens du partage qui préside à de nombreuses actions du peintre, même s'il fait tout pour le dissimuler.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.