Le scrutin du 23 mars en Israël a une importance capitale, dans un contexte international très mouvant. Benjamin Netanyahu est une nouvelle fois au centre de cette élection. L'image d'Israël est devenue presque indissociable de son Premier ministre. Preuves en sont les dernières élections, cristallisées autour du vote pour ou contre « Bibi ». D'un côté, ses partisans, dont les plus fervents admirateurs ont cousu un lien charnel avec celui qui est resté 13 ans aux commandes, un record de longévité qui lui vaut le surnom de « Bibi, roi d'Israël ». Pour eux, un Israël fort, sécuritaire et rayonnant n'est possible qu'avec Benyamin Netanyahu. D'un autre côté, ses opposants, choqués par les affaires qu'il traine en justice, fatigués de son discours de showman américain, parfois adeptes d'une politique économique moins libérale. Mais pour les Israéliens, Netanyahu a obtenu ce qui était impossible il y a quelques années : la reconnaissance de la souveraineté sur Jérusalem par les USA , le Golan et un mouvement de normalisation avec les Etats arabes. Pour eux, se sont des acquis d'une valeur inestimable. Mais Netanyahu sait que ce bilan n'est pas décisif. Il doit faire face à une nouvelle situation, celle des inégalités au sein de la société israélienne, de l'implication des arabes israéliens. Ceux-ci ont réussi à avoir 15 parlementaires lors des dernières élections. La gauche est émiettée, l'alliance autour de Gantz essaye de se reconstruire. Ces voix, celles des arabes israéliens, compteront beaucoup. Netanyahu fait des pas. Il va vers ce public qui réclame des services publics équivalents à ceux de la population juive, en particulier sur la question de la sécurité. Il est sur un chemin de crête. Selon les sondages, les Arabes israéliens le mettent, en tant que premier ministre, devant les leaders de la liste arabe, sûrement par réalisme. « Bibi » a une occasion extraordinaire. En se rapprochant des Arabes israéliens, en leur proposant des services publics dignes, cela non seulement contrerait l'image d'un Etat hébreu peu soucieux des droits de ses citoyens non juifs, mais facilitera la négociation avec les Palestiniens. Les Arabes israéliens et les Palestiniens des territoires ont des relations familiales, sociales, qui font que toute avancée en Israël, facilite les rapports. Penser un seul instant que Netanyahu va proposer une alliance à la liste arabe est illusoire. Mais s'il a survécu à toutes les crises, c'est qu'il sait s'adapter. Il se doit d'offrir des perspectives à la population arabe d'Israël, cela constituera sûrement un événement dans la campagne électorale israélienne, mais au-delà, construira une paix durable et ouvrira une perspective de normalisation régionale plus large avec l'Etat hébreu.