Des experts sonnent l'alerte, des « daechistes » ayant fui les champs de bataille tentent de conquérir le monde virtuel. La propagation de la haine à des fins terroristes via les réseaux sociaux constitue un phénomène à prendre bien au sérieux. C'est ce qui a été relevé à travers les échanges ayant eu lieu, du 16 au 18 février dernier à Rabat, à l'initiative de l'Observatoire marocain sur l'extrémisme et la violence (OMEV). Cet organe de réflexion a dédié sa conférence annuelle à la lutte contre l'extrémisme violent en appelant à « de nouvelles réponses à de nouveaux défis ». La Délégation générale à l'administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR) et le Policy Center for the New South ainsi que la Rabita Mohammadia des oulémas ont pris part à cette conférence. Les intervenants étaient unanimes à signaler des mutations que connaît la scène terroriste dans le contexte, très particulier, de crise sanitaire. Intervenant peu de temps après la désagrégation de Daech. La perte du « terrain réel » de la « multinationale du terrorisme » en Irak, en Syrie et partout où il s'était implanté se traduit par des tentatives de conquête du terrain virtuel. C'est ce que soutient notamment El Mostafa Rezrazi. Le président de l'OMEV, qui est chercheur principal au Policy Center for the New South, prévient de telles nouvelles menaces terroristes émergentes qui exigent des réponses appropriées. L'une des réponses est apportée sur le terrain religieux. Dans le cadre de la lutte contre les tendances du terrorisme et de l'extrémisme violent, le président du centre des études et de recherches de la Rabita mohammadia des oulémas, Mohamed Belkbir, a indiqué que cet organe ne se limite pas à l'approche sécuritaire à travers la méthode de la confrontation intellectuelle. Il y a deux pôles principaux au phénomène du terrorisme et de l'extrémisme violent, a-t-il précisé : « le pôle des théoriciens et celui des acteurs sur le terrain, qui constituent la force motrice de l'extrémisme et du terrorisme parmi les jeunes et les femmes ». La Rabita veut protéger et immuniser ces catégories en les convaincant de rejeter l'extrémisme afin d'affaiblir les théoriciens et a adopté pour cela des outils et des méthodes de démantèlement du discours religieux, de ses mécanismes et de son appareil conceptuel, à travers 20 livrets en vue de développer l'immunité des jeunes contre l'extrémisme, a-t-il souligné. « Cette production pédagogique devra être déclinée en messages didactiques en langage des jeunes et véhiculée à travers les réseaux sociaux. Les takfiristes ne doivent pas avoir le sentiment d'être les maîtres du jeu virtuel », ont recommandé des intervenants à la conférence.