L'artiste plasticien M'barek Bouhchichi investit pour la deuxième fois la galerie d'art L'Atelier 21 à Casablanca, du 23 mars au 26 avril 2021, pour une exposition inédite intitulée The Silent Mirror autour de la représentation et la perception du corps noir dans la société marocaine.
Connu pour ses œuvres à la croisée de l'esthétique et du social, M'barek Bouhchichi qui estime que « le marocain noir est encore victime de ségrégation », présente dans ce nouveau solo show, une série à forte dimension autobiographique, constituée exclusivement de portraits. Les œuvres réalisées à partir de feuilles de caoutchouc donnent à voir des figures d'hommes ou de femmes, à al peau noire, sur des fonds chromatiques aux couleurs saturées. Poursuivant sa réflexion sur l'invisibilisation des personnes noires, notamment d'origine marocaine, l'artiste présente dans cette exposition des figures sans ombres, parfois dénuées de corps. Une occultation qui vient questionner leur inscription dans le champ plastique mais aussi dans l'espace social.
« Les œuvres de l'exposition The silent Mirror (Le miroir silencieux) sont conçues à la fois « comme une réponse à la différentiation et l'altérisation du corps noir et comme une tentative de réévaluation des moyens de sa représentation, à travers des techniques et protocoles créatifs mis en œuvre pour mettre à nu la logique de la construction du portrait » explique la critique d'art Fatima-Zahra Lakrissa.
Le corps multiple ou éclaté
Moulé, sculpté, dessiné, peint, ...le corps est mis en exergue à travers un kaléidoscope de signes, de fragments (presque votifs) et d'images qui donnent à voir le multiple ou l'éclaté. Mains, têtes, visages, empreintes se font métaphores, doubles – voire doublures – de corps invisibles qui peinent à faire un. Ils renvoient au morcellement du corps humain et à l'éclatement de la perception, assignant donc au regardant la responsabilité de reconstituer les nombreuses significations imaginaires et symboliques de l'image du corps éclaté, ou de s'égarer dans l'opacité d'une telle fragmentation. Né en 1975 à Akka, M'barek Bouhchichi est titulaire d'un baccalauréat en arts plastiques, il enseigne l'art depuis le milieu des années 1990 à Tiznit et à Tahannaout. La recherche sur des espaces vides et pleins, et l'importance du geste, qui ont caractérisé ses débuts de peintre abstrait, sont la préfiguration de son travail actuel.
Les œuvres du plasticien ont une composante autobiographique indéniable. À travers peinture, dessin, installation ou vidéo, l'artiste formule des propositions esthétiques, intimement liées à son vécu et à l'expérience de ses proches. Peu enclin à séduire la rétine, l'art de Bouhchichi donne à voir l'une des expériences plastiques les plus intéressantes et les plus contemporaines au Maroc. Avec sa touche singulière et résolument contemporaine, Bouhchichi apporte la preuve que le beau surgit férocement quand l'artiste fait peau avec ses œuvres.
Un plasticien international
Exposant dans diverses galeries au Maroc et à l'étranger, il fait aller son travail plastique au-delà de l'appartenance à une seule culture. L'artiste lui-même, animé par une vision universelle, ne peut pas joindre son travail à la frontière d'une culture qui serait exclusive d'autres cultures auxquelles l'artiste dit qu'il doit reconnaissance et gratitude. Les vernissages de ses expositions ne peuvent pas passer inaperçus. De Marrakech au Ponte Verda et de Paris à Sao Paolo, l'artiste place son travail sous le regard pluriel et multiforme des admirateurs d'art, en retour son travail gagne en cohérence et en une constante impulsion des autres à remettre en question la pratique artistique de la peinture mise en œuvre par l'artiste, et qui était jusque-là le sien.
Récemment, on a pu voir ses œuvres exposées à The Voice Gallery à Marrakech (Exposition solo Les poètes de la terre en 2018) puis au MACAAL à Marrakech dans l'exposition collective Welcome Home Vol. II (du24 octobre 2020 au 10 janvier 2021). Son travail a été exposé en solo Les mains noires (Kulte, Rabat, Maroc, 2016), en tant qu'exposition collective Documents bilingues (MUCEM, Marseille, France, 2017), ainsi que Le Maroc contemporain (Institut du Monde Arabe, Paris, France, 2014), Entre les murs (Le 18, Marrakech, Maroc, 2017).