La publication des résultats financiers pour le premier semestre 2008 fait ressortir, pour les principales banques tunisiennes, un résultat d'exploitation en hausse sensible, démontrant ainsi que les fondamentaux du secteur bancaire tunisien sont bons. La semaine dernière, la Banque de l'habitat, institution financière publique, a fait état, pour les six premiers mois de l'année 2008, d'une croissance de 50% de ses revenus, rendue possible grâce à une hausse des intérêts et des commissions bancaires perçues. Ainsi, la banque a enregistré une augmentation de son bénéfice net, qui est passé de 15 millions de dollars au premier semestre 2007 à 22,7 millions de dollars au premier semestre 2008. Par ailleurs, son produit bancaire a enregistré une croissance de l'ordre de 14% au cours de le même période. De son côté, la Banque de Tunisie, une des principales banques privées du pays, affiche un bénéfice net en hausse de 15%, de 19 millions de dollars à presque 23 millions de dollars. La progression nette du résultat de la banque trouve sa source dans la croissance notable des intérêts et des commissions bancaires perçues. La Société Tunisienne de Banque (STB), autre institution financière publique, première banque tunisienne en termes de volume d'actifs, a également enregistré une croissance solide. Son résultat d'exploitation est en hausse de 9,3% grâce à une croissance des dépôts. Le bénéfice net de la banque reste quant à lui inchangé à 28 millions de dollars. La STB, ainsi que la banque de l'Habitat et la Banque nationale agricole représentent 47% de l'ensemble des crédits octroyés en Tunisie. Ces chiffres sont les bienvenus pour le secteur bancaire tunisien, qui a dû relever un certain nombre de défis ces dernières années. En effet, une grande partie des banques tunisiennes ont vu leurs résultats entachés par la part des créances douteuses (impayées) dans le total des engagements, qui est actuellement de l'ordre de 17,3% en moyenne, contre 5%, voire moins, dans les autres pays méditerranéens. Les prêts douteux sont en partie l'héritage d'un secteur bancaire traditionnellement attaché à financer des projets d'infrastructure publics à caractère industriel et commercial, mais ils reflètent aussi une mauvaise gestion prudentielle. Le secteur bancaire compte actuellement quelque 43 institutions financières, y compris 20 banques universelles, huit banques offshore, et un certain nombre de sociétés d'affacturage et de crédit-bail. Le secteur se caractérise donc par sa fragmentation, doublée d'une forte concurrence, qui affecte les marges bancaires, faibles, et la poursuite d'une stratégie d'expansion à long terme, tandis que les efforts de consolidation sont rares en nombre et en temps. Néanmoins, les principaux indicateurs du secteur financier national, qui représente une large portion de l'activité boursière, progressent de manière continue. Le dernier rapport du Fonds monétaire international (FMI) publié au mois de juillet note que le ratio de créances douteuses demeure élevé mais que le secteur est en passe de prendre les mesures nécessaires pour améliorer la viabilité des prêts octroyés, comme en témoigne le recul du taux de créances douteuses depuis 2004, en diminution de 7 points. De plus, la Banque centrale s'est engagée à ramener ce taux à 15% d'ici à 2009 et s'efforce d'établir le taux de provisionnement des créances douteuses à hauteur de 70%, une mesure qui permettrait de conforter la résilience du système bancaire. De surcroît, le secteur privé occupe une place de plus en plus importante sur le marché, sous l'impulsion du programme de privatisation. Bien que le processus de privatisation de la Banque Franco-Tunisienne ait été reporté, essentiellement dû à des considérations judiciaires et à une vérification de ses comptes, la cession d'une majorité du capital de la Banque Tuniso-Koweitienne (BTK) au Groupe Caisse d'Epargne (GCE) a permis de donner un nouvel élan au processus de privatisation. L'offre de reprise du GCE par le gouvernement tunisien et koweitien - qui leur a permis d'acquérir 60% du capital de la BTK, ex-banque de développement, pour environ 240 millions de dollars - représente un exemple réussi de privatisation. La Banque centrale s'est également engagée à adopter une série de mesures visant à améliorer le cadre légal du secteur bancaire pour l'adapter aux standards mondiaux, notamment à travers l'application des normes internationales Bâle II, tout en déléguant aux banques le pouvoir d'exécuter les transactions liées aux opérations de couverture. Un comité stratégique de la banque centrale a établi la date de la mise en oeuvre des accords de Bâle II à 2010, avec pour objectif d'améliorer la gouvernance d'entreprise et la couverture des risques, ainsi que l'amélioration de la qualité des services. Le renforcement de l'industrie financière et bancaire tunisienne a permis de rehausser l'image du secteur au niveau régional, ce qui, en retour, a suscité un regain d'intérêt de la part des investisseurs étrangers, comme l'atteste le lancement de projets comme la création d'un centre financier au nord de Tunis, promue par Gulf Finance House. Le projet, d'une superficie de 450 ha, offre aux sociétés financières la possibilité de construire des bureaux sur mesure, et représente le premier centre financier offshore en Afrique du Nord.