En un mois, plusieurs maisons se sont effondrées engendrant morts et graves blessures. En cause, des bâtisses en construction ainsi que des maisons qui menaçaient ruine et qui étaient cataloguées, répertoriées en tant que telles. Dans le premier cas, il est évident que les responsables des chantiers doivent être jugés pour déterminer s'il y avait faute, triche sur les matériaux par exemple, ou s'il ne s'agit que d'accidents ou d'erreurs humaines. Il n'empêche que, pour éviter un scénario à l'égyptienne où un pourcentage important de nouvelles constructions s'affaisse nt au bout de quelques mois, un contrôle plus strict s'impose. Dans le second cas, celui de l'habitat à risque, la responsabilité politique et pénale des gouvernements est engagée. Selon des sources officielles, il y aurait 125.000 maisons «menaçant ruine», pour utiliser le terme technique. Dans le cas des deux maisons qui se sont effondrées à Casablanca, celles-ci ont été répertoriées il y a plus de vingt ans déjà. Les habitants, plusieurs familles sont d'ailleurs concernées, avaient été prévenues des risques. Des solutions de relogement leur ont été proposées. Sauf que ces familles ont refusé, soit pour cause de l'éloignement du lieu de relogement de leur ancienne demeure, ou parce qu'elles réclamaient plus de logements. Le plus souvent pour recaser l'un ou l'autre membre de la famille qui s'est marié… La politique sociale en matière de logement coûte déjà très cher au contribuable. Le recasement engloutit des sommes énormes, sans que le phénomène de l'habitat insalubre ne soit éradiqué. Pourtant, nous sommes là face à un habitat qui menace des vies humaines. La responsabilité des gouvernements précédents, et dans un proche avenir, de l'actuel, est engagée justement parce qu'il s'agit de sécurité. La peur des conflits sociaux ne peut en aucun cas justifier l'inertie face au risque d'écroulement de maisons abritant souvent plusieurs familles. Dans cette optique les ayant-droits des victimes peuvent se retourner au civil, comme au pénal, contre les responsables qui connaissant le risque, n'ont pas agi pour les protéger. Ce rôle n'est-il pas celui de l'Etat ? Le populisme aboutit toujours à des effets pervers. La politique de recasement doit en sortir par le biais de mesures plus réalistes, d'une fermeté plus grande vis-à-vis de ceux qui se considèrent comme bénéficiaires. Une fois pour toutes, il faut expliquer que le droit au logement décent ne soit pas une garantie d'une propriété à titre gratuit. De la même manière, la démolition immédiate des habitations à risque est un devoir impérieux. Quitte à trouver des solutions de relogement collectives provisoires en attendant, après une étude au cas par cas, de trouver des solutions définitives. Il est clair qu'il y a bien des abus. Comme c'est le cas pour des gens ayant des revenus leur permettant de se loger ailleurs et qui préfèrent rester dans des maisons à risque et au péril de leur vie et de celle de leur progéniture, souvent nombreuse. C'est en l'occurrence un grave délit, jamais sanctionné. Nous sommes face à des dérives multiples qui bloquent l'action de l'Etat dans ses missions régaliennes. Mettre fin à cette situation est la responsabilité politique du gouvernement.