MUSTAPHA KHALFI, MINISTRE DE LA COMMUNICATION et porte parole du gouvernement, a déclaré devant les parlementaires que la liberté de la presse a connu ces derniers temps une régression certaine. Effectivement si l'on y ajoute toutes les interdictions, pour un décolleté un brin osé, qu'il a signées depuis qu'il est à son poste. Mais la plus grande menace n'est pas celle qui est déjà intervenue mais celle à venir. Le ministre raconte partout qu'il veut libérer et libéraliser le paysage médiatique national. Possible. Mais alors il faut s'entendre sur le sens des mots.Si l'on juge par les cahiers des charges de l'audiovisuel public on est dans l'antinomie des propos de Khalfi. JAMAIS DEPUIS QUE LA LIBERALISATION a été entamée, ministère de la communication n'a été aussi interventionniste dans la gestion des chaînes. L'esprit du Dahir portant création de la HACA et celui de la loi sur la communication que l'on retrouve dans la nouvelle constitution incite au respect de la liberté de la ligne éditoriale. C'est tout le contraire que fait le ministère de l'accumulation des ingérences à un moment où la tendance est à la disparition des départements de la communication avatars des systèmes dirigistes pour ne pas dire totalitaires. Le discours de Mustapha Khalfi comporte les tares de la tautologie en même temps que la perversion de la démagogie. Ce qui lui vaut le satisfecit de l'ancien président du Mouvement Unicité et Réforme Ahmed Rissouni. Ne lui a-t-il pas décerné à cette occasion la cocarde de l'islamisme fidèle et rigoureux*. C'EST DONC, LA PREUVE PAR RISSOUNI dans une optique islamiste étriquée qu'agit le ministre de la communication. Les enjeux de l'audiovisuel sont autrement plus compliqués et ce n'est certainement pas ce qui se dessine à travers les nouveaux cahiers des charges que le Maroc va mettre un terme à la prééminence des chaînes satellitaires. L'adoption des cahiers des charges, si elle n'est pas inconstitutionnelle, ce qui reste à voir, est au moins entachée d'un sérieux vice de forme. Le gouvernement n'a été associé ni de près ni de loin, comme le veut la loi, à leur élaboration. Il est de son devoir aujourd'hui de suspendre l'application des cahiers des charges et d'ouvrir un débat national. PS : L'ALCOOL ET L'ARGENT DE L'ALCOOL. Ce n'est pas exactement ce que veut Ahmed Rissouni. Mais le vénérable théologien se félicite de la hausse de la taxe sur les alcools. Je croyais que ce qui provient du péché est péché. Il semble maintenant que les religieux ont des raisons que la raison n'ignore pas. Rissouni doit comprendre que la hausse ne dissuadera pas les buveurs de boire. Seulement les pauvres vont payer leur exutoire beaucoup plus cher pour devenir un peu plus pauvres.