Les tarifs du fret maritime depuis la Chine battent des records depuis plusieurs semaines. Une flambée qui impacte la chaine logistique, de la distribution et la machine de l'importation. Explications. « Le coût d'expédition d'un conteneur au Maroc à partir de la Chine est passé de 2500 dollars à près de 10.000 dollars. Soit 4 fois le prix normal. Une augmentation record qui nous pousse à stopper pour le moment nos importations de jouets, jusqu'à nouvel ordre », déclare le président de l'Association marocaine des importateurs de jouets (AMIJ), Jaouad Ouadghiri qui note que le secteur dépend fortement des importations de la Chine avec 2/3 du total. 80% des jouets sont produits en Chine. La flambée du coût du fret, aura automatiquement, selon Ouadghiri, un impact sur le coût de revient avec une hausse de presque 50% et donc sur le prix de vente des produits importés sur le marché marocain. Or, ««Sur le marché, si on augmente les prix de 10%, les gens n'achèteront plus. D'où la décision d'arrêter la machine d'importation pour le moment », explique Ouadghiri. En dehors des jouets, le Maroc importe de la Chine plusieurs types de produits dont notamment le thé vert, les produits industriels légers, les produits textiles, les produits mécaniques...Actuellement, beaucoup de produits électroniques par exemple son introuvables sur le marché. «Normal. Les répercussions sont très importantes. Et cette hausse des prix du transport de conteneurs touche la plupart des secteurs industriels, aussi bien pour l'import que pour l'export », souligne Omar Msalik, expert en logistique. Raisons d'une flambée Mais pourquoi les prix flambent ? «Outre la crise du covid, de nombreux facteurs expliquent ce constat», note le logisticien. Selon lui, la Chine dispose d'immenses capacités de production, mais elle se trouve bridée par le coût du fret et le manque d'infrastructures et d'équipements portuaires pour répondre à la hausse soudaine du trafic. Les experts soulignent ainsi une baisse accrue des conteneurs en Chine. « La pandémie de Covid est en cause en rendant les approvisionnements plus difficiles, en réduisant d'une manière drastique des capacités maritimes suite aux annulations d'escales, par les retards au niveau (manque de personnel, procédures plus longues). Lorsque la reprise des exportations a été forte en Asie à partir de l'été, notamment vers les Etats-Unis, il y a eu une pénurie de conteneurs, immobilisés de l'autre côté de l'Atlantique, orchestrée apparemment par les armateurs pour maintenir des prix élevés », explique les auteurs de la newsletter de Logismed. Ensuite, Omar Msalik ajoute la progression de l'e-commerce qui a intensifié la demande en fret maritime, les produits étant fabriqués massivement en Chine. Ce qui a mis à rude épreuve la logistique portuaire dans le monde entier et a poussé certaines entreprises à opter pour l'avion pour importer ou exporter. Résultat : des surcoûts qui pourraient atteindre des millions de dirhams pour certains opérateurs. En dehors de la hausse vertigineuse du coût de fret, les experts évoquent aussi celui des retards de la livraison. «Avant la pandémie, on importait de la marchandise en une durée maximale de 6 semaines. Aujourd'hui, non seulement on paie 4 fois plus cher, mais il faut compter plus de 20 semaines pour recevoir les produits de la Chine », regrette le directeur d'une société de climatisation. D'après lui, c'est une double pénalisation. «En plus de la hausse des coûts de revient, les retards de livraison entraine des dysfonctionnements au niveau de la chaine de distribution ce qui peut créer des ruptures de stocks sur certains produits », déplore t-il. A quand un retour à la normale ? Selon la newsletter de Logismed, le marché quasi-monopolistique du transport maritime de conteneurs nécessite un meilleur encadrement et régulation. Et les réflexions en cours sur les relocalisations régionales et l'approvisionnement de proximité visent à réduire la dépendance au marché chinois et, partant, des coûts. « En attendant, le recours à des transitaires expérimentés et bénéficiant d'un réseau opérationnel fiable d'agents aux points d'embarquement reste donc la meilleure alternative pour limiter les ruptures de supply chain tout en maîtrisant le prix de revient », affirment les experts en logistique. Pour les analystes de Capital Economics, cette poussée de fièvre « sera probablement de courte durée » du fait des campagnes de vaccination et de la levée des mesures de confinement permettant « aux modes de consommation de revenir à la normale ».