L'annonce de la fermeture totale des restaurants à Casablanca, Marrakech, Agadir et Tanger pour une durée de trois semaines a fait l'effet d'un coup de tonnerre dans un secteur déjà très durement affaibli par le confinement et une reprise en demi-teinte. Fermer les portes. Rouvrir jusqu'à 20 heures. Fermer à nouveau. Pour les restaurateurs, l'année 2020 est un cauchemar. Et les nouvelles mesures restrictives annoncées à Casablanca, Marrakech, Agadir et Tanger sont « une mort annoncée ». Dans les autres villes du Royaume, la fermeture des espaces est prévue à 20 h ce qui plonge le secteur dans la peur et l'impuissance. Certains professionnels accumulent les dettes. Beaucoup ont décidé de mettre la clé sous la porte. «C'est un coup de massue », s'insurge Noureddine Harrak, président de l'Association nationale des propriétaires de cafés et restaurants (ANPCR) «La situation est grave. Très grave même. Et les cafetiers et restaurateurs sont sacrifiés aujourd'hui par des décisions déraisonnables. Des centaines de restaurants fermés, des pertes d'emplois et des gens qui se retrouvent à la rue... C'est une grave erreur», ajoute Harrak. Faillites en cascade Lourdement frappés par les restrictions sanitaires depuis le début de la pandémie, certains restaurateurs n'ont pas tardé à laisser éclater leur colère et à exiger des réponses. «C'est une honte. C'est notre métier qui est atteint », estime le propriétaire d'une chaine de restaurants de renom. Un autre restaurateur à Casablanca est attristé et n'a plus le goût de continuer «J'ai investit près d'un million de dirham pour ouvrir ce restaurant. Aujourd'hui, tout mon rêve part en fumée. Avec un loyer de 40.000 DH par mois et une masse salariale de près de 45.000 DH par mois, je n'arrive plus à m'en sortir. Je suis terriblement triste et déçu. Beaucoup de mes employés sont en difficulté. Mais je ne peux rien faire pour eux », déplore t-il. Et comme un malheur ne vient jamais seul, les professionnels sont tenus de payer l'ensemble des taxes et impôts imposés en temps normal. «L'Etat n'a rien prévu pour ce secteur. Nous sommes obligés de payer l'ensemble des taxes et impôts prévus et seuls quelques uns ont pu accéder et bénéficier du crédit relance », regrette Harrak qui souligne que ceux qui survivent aujourd'hui sont ceux qui ont d'autres activités en parallèle. Le président de l'Association nationale des propriétaires de cafés et restaurants, craint la disparition de plus de 50% d'établissements au Maroc. Selon ses estimations, près de 80% des restaurants et cafés perdent de l'argent ou survivent à peine. Et la grande majorité fonctionnent à perte et ne font qu'atteindre le seuil de rentabilité. La goutte de trop... Le projet de loi de finances (PLF) 2021 propose d'augmenter la taxe intérieure de consommation (TIC) applicable aux boissons alcoolisées et à la bière. Ainsi il s'agit de l'augmentation de la taxe sur toutes sortes de bières à raison de 20%, une valeur qui passera de mille dirhams l'hectolitre à 1200 dirhams soit le 1/5, tandis que la taxe imposée sur le vin et les autres boissons plus fortes quant à leur teneur en alcool variera respectivement de 800 à 900 dirhams par hectolitre. Pour Noureddine Harrak, c'est le coup de grâce pour les restaurateurs servant les boissons alcoolisés. «Nous avons milité pour que amender ces propositions. En vain. Malheureusement, ils vont entrer en vigueur à partir de janvier 2021. Et cela affectera directement le secteur déjà fragilisé sans aucun type de mesures compensatoires». « On dirait que le gouvernement veut nous tuer tout simplement. On ne sait plus quoi faire. Nous avons les mains liés et continuons à subir ces mesures décidées de manière unilatérale sans aucune concertation avec les professionnels. Là, c'est vraiment la goutte qui fait déborder le vase », conclut Harrak.