Le tourisme va mal. Très mal même. L'annonce d'un plan de vols pour cette fin d'année, l'adoption de promotions... ne changeront rien. L'année 2020 est terrible. Et pour les professionnels, il n'y aura début de reprise qu'en septembre 2021. Mounia Kabiri Kettani «L'année 2020 est totalement perdue », lance d'emblée le président de la fédération nationale de l'industrie hôtelière (FNIH), Lahcen Zelmat. Normalement, lors de cette période de fin d'année, la plupart des hôteliers affichaient complets. Cette année, la crise sanitaire a frappé de plein fouet le secteur du tourisme. Et l'annonce d'un couvre feu à 20 heures la soirée du nouvel an, a coûté chère aux opérateurs. «Au lendemain de l'annonce, nous avons eu une vague d'annulation, pour le 31 décembre notamment », nous confie l'un des hôteliers. «C'est qui ce touriste qui va venir tout en sachant qu'il est privé de festivités, d'animation et de sortir même de l'hôtel à partir de 20 heures ? Même avant cette période, les pouvoirs publics n'ont rien fait pour encourager les touristes à venir. Les prix des vols sont exorbitants, pas de tests à l'aéroport, aucune campagne de communication pour rassurer les gens...nous naviguons aujourd'hui à vue », s'insurge un autre professionnel. Pour lui, on ne pourra parler de début de reprise qu'en septembre 2021 et on ne pourra atteindre le niveau de 2019 qu'en 2023. «Le vaccin est prévu en janvier. Et donc va durer jusqu'au mois d'Avril. Cela coïncidera avec le ramadan. Juin est généralement un mois creux. Vers Juillet-Août, beaucoup iront vers les stations balnéaires à Agadir, Tanger, Tetouan...donc on ne pourra parler de début de reprise qu'en septembre. Encore faut-il que les 20 millions soient vaccinés, comme prévu », détaille t-il. Lahcen Zelmat est moins pessimiste. Il table sur un début de reprise fin Mars prochain et une vitesse de croisière en 2022. Avenir prometteur, mais... « La période actuelle est très difficile certes, nous avons souffert nous allons souffrir encore souffrir. L'Etat doit comprendre que les entreprises touristiques et hôtelières sont lessivées, leur trésorerie est à plat mais elles continuent à résister », analyse le président du conseil régional du tourisme (CRT) d'Agadir-Souss Massa, Rachid Dahmaz. Mais, il reste optimiste. Et assure que les dix prochaines années vont être florissantes. «Avec ces restrictions de voyages, de sortir,...les gens voudront se libérer, voyager, découvrir lors des années prochaines. Et donc l'avenir du tourisme au Maroc comme ailleurs est prometteur », insiste t-il. Encore faut-il selon lui, soutenir les acteurs du secteur pendant les deux prochaines années pour redémarrer sur des chapeaux de roue. Il propose aussi de mettre en place un plan Marshall de tourisme, profiter de cette crise pour remettre le secteur sur de bonnes bases « il nous faut 150.000 lits supplémentaires si on veut répondre à la demande future. Actuellement, nous avons une infrastructure défaillante, nous avons perdu nos cadres hôteliers. Nous n'avons plus de chefs de rang, de maitres d'hôtels, ....il y a un problème majeur d'inexistence de vrais métiers de l'hôtellerie et la formation ne suit pas non plus », détaille Dahmaz. Solution ? «Prévoir un budget de 50MMDH sur 3 ans pour renforcer l'infrastructure à la fois en matière de structures d'accueil, de restaurants, de centres d'animation...améliorer la qualité de la formation liée aux métiers de tourisme, et surtout mettre en place une plateforme dédiée aux réservations en ligne tels que booking qui nous déplume, n'emploie aucune personne au Maroc et ne paie pas de taxes », préconise Dahmaz.