La Galerie The Voice à Marrakech donne à voir dans le cadre d'une exposition collective les œuvres d'une nouvelle génération d'artistes marocains engagés et confronte leurs points de vue avec des artistes étrangers donnant naissance à un art contemporain « nouveau » et à un échange de lectures, de parcours, de mélodies, essentiel dans tous les mouvements créatifs. Fondée en 2011 à Marrakech par le napolitain Rocco Orlacchio, la Galerie The Voice (La voix en français) qui soutient la jeune création marocaine vise à travers cette exposition collective à perpétuer la tradition de mélange des cultures et des timbres en confrontant des artistes venant d'horizons variés, avec des réalités et des bagages différents, pour transmettre à une autre échelle ces échanges et recréer de nouvelles réalités au travers de leurs œuvres.
L'exposition accueille l'œuvre « Réhabilitation à deux faces » du belge Eric Van Hove -connu pour ses moteurs-sculptures- autour de la mémoire collective liée aux grands taxis marocains ; les sculptures en cuivre et aluminium du peintre serbe, français et croate Mihael Milunovic autour de l'Afrique et de la réalité complexe du continent ; les céramiques Fragments of nature and other stories de l'italien Michele Ciacciofera connu pour ses recherches autour de l'écoulement du temps, des symboles, de l'écriture et de la matérialité des mots ; les toiles indigo du designer malien Aboubakar Fofana, les formes peintes de la française Sibylle Baltzer, les cartigraphies détournées de l'égyptien Hamdi Attia, les sculptures en fer et cuivre du plasticien marocain M'Barek Bouhchichi et les boîtes à allumettes du marocain Mohammed Larbi Rahhali. Ce dernier a trouvé sa propre symétrie du temps, en assemblant ses petits objets à la façon d'un cabinet de curiosité, en créant ses microcosmes dans des boîtes d'allumettes. Au travers de ces nouvelles formes, il donne une définition du rôle des images dans la fabrication d'une narration historique, entre nostalgie, mélancolie et affection.
Mohamed Larbi Rahhali
Ce mélange des cultures qui s'opère permet ainsi de créer un nouvel air issu de la découverte entre ces artistes et le territoire africain.
Au rythme des années, VOICE s'est développée telle une voix qui s'élève, et prend parti aux côtés de ses artistes africains qui s'engagent à l'instar de l'artiste marocain M'Barek Bouhchichi qui travaille depuis plusieurs années sur l'histoire des Berbères noirs notamment dans le Sud du Maroc et en Tunisie sur la ségrégation combattue par le poète M'Barek Ben Zida. C'est aussi exposer l'artiste égyptien engagé Moataz Nasr, qui, depuis des années crée une valse de contestation envers les bouleversements de son pays, essayant de repousser toujours plus loin les subversions acceptées par les autorités.
Eric Van Hove
« Marrakech ressemble à un port sans la mer » comme l'explique Rocco Orlacchio, qui exerce sur ses visiteurs une attraction particulière comme un marin qui s'arrête pour une nouvelle escale. Elle a quelque chose de fascinant et de grisant, un quelque chose qui attire cette scène marocaine émergente. C'est un rythme qui se vit et qui se suit ; un rythme imposé, que les artistes détournent pour en créer un nouveau qui leur est propre.