Comment peut-on réellement expliquer cette réussite qui ne quitte plus cette équipe de Fes depuis quelques temps ? Quels sont les véritables facteurs clés de succès de cette ascension vers le sommet du football continental ? Que pouvons-nous tirer comme leçons pour l'avenir du football national ? Voilà pour vous un petit Focus sur l'équipe pour qui la saison 2011-2012 restera à tout jamais dans les mémoires. Marouane Bennani... Un président jeune et entreprenant Une équipe étant avant tout un groupement de personnes agissant ensemble pour arriver à un but prédéfini, le rôle d'un président parait donc évident et Monsieur Bennani s'est obligé à le respecter à la lettre dès son arrivée il y a de cela 3 ans à la tête de son équipe de cœur. Faire confiance à un staff technique national de qualité et construire une équipe se basant sur de jeunes talents du centre de formation ont donc été les principales décisions du président qui avait déclaré être là « pour gagner des titres ». Quelques années plus tard, et malgré certaines difficultés financières qui ont créé quelques polémiques de temps à autre, le bilan fassi est plus que surprenant : Finaliste de la coupe du trône 2010, Dauphin de la Botola 2010-2011, Vainqueur de la coupe de la CAF 2011, Vainqueur de la coupe du trône 2011 et depuis quelques jours Vainqueur de la super coupe africaine 2012. En une phrase, voilà l'exemple parfait de l'idée selon laquelle le travail finit toujours par payer. L'arrivée de Rachid Taoussi ... un homme de confiance Dès son arrivée, Taoussi décida de tout chambouler avec une réorganisation tactique de son équipe : jeu léché porté vers l'avant, des passes courtes et un jeu en triangle pour amener le danger devant les cages adverses, 2 ailiers défensifs qui s'obligent à apporter le surnombre en phase offensive et un milieu de terrain alliant technicité pour certains et force physique pour d'autres. Si bon nombre de marocains demandent de voir ce technicien s'occuper « au moins » de l'équipe nationale olympique, l'ensemble des Massawis n'oublieront certainement pas sa déclaration il y a quelques temps sur un plateau de télévision, quand il annonçait, face à son président, qu'il serait capable et même heureux de signer à vie avec l'équipe fondée en 1946 si on lui donnait la chance de continuer à travailler dans une certaine sérénité et en lui accordant les moyens nécessaires pour porter les couleurs jaunes et noirs sur le sommet du continent africain. Dans cette optique, d'anciennes gloires du football national aident le groupe à gagner en confiance et maturité : Un grand Tarik Sektioui est là pour en témoigner. Un entraineur ne reste pourtant qu'un simple maillon de toute une chaine importante. Qu'en est-il donc des joueurs ? Anas Zniti ... un Spiderman dans les cages Labyad, Elhazzaz, Tagnaouti ou encore Rafahiya... Tant de gardiens de but ayant fait la réputation du centre de formation de l'équipe, reconnu depuis bien longtemps comme le meilleur du royaume dans le domaine. Il n'est donc pas anodin de retrouver aujourd'hui un jeune gardien de moins de 24 ans présent, et de quelle manière, lors des grands événements continentaux. Tout le monde le connait pour sa spécialité : les Penaltys ... Lors de la demi-finale de la coupe du Roi contre le Wac, il en sauve 2... lors de la finale de la CAF, il en sauve 2 (et marque le dernier), et on pense bien qu'il en aurait arrêté quelques uns en finale de la super coupe d'Afrique. Oui mais Zniti, c'est aussi autre chose. Bien qu'il ne soit pas grand de taille pour un gardien de but (seulement 1m82), Zniti est connu pour des gestes incroyables à des moments décisifs, usant et abusant d'une détente importante et d'une très bonne vision de jeu qui lui permet de jouer également le rôle du dernier stoppeur, quand le schéma tactique imposé par Taoussi le pousse à le faire. Il ne lui reste donc plus qu'à gommer certaines erreurs d'inattention qui peuvent coûter cher, pour que ce gardien de talent devienne un GRAND, tout simplement. Dès lors, rien ne pourra l'arrêter pour avoir sa place au sein d'une équipe nationale qui sera orpheline du très grand Lamyaghri. Une défense à 4 ... dont 2 néo-internationaux Sur le côté gauche, l'omniprésent Hammouni apporte le surnombre tout au long de la rencontre, tandis que sur le droit, Hajji est simplement chargé de délivrer de bons centres, comme celui amenant le but d'avance contre l'Espérance lors de la finale de la super coupe. Qu'en est-il des stoppeurs ? Les marocains ne s'intéressant pas au championnat local ont tout de même pu découvrir, lors du dernier match de l'EN, la complémentarité grandissante depuis plus d'un an d'un duo intéressant: une tour de contrôle en la personne du grand Mrani, suppléé par un très bon Zekroumi qui s'improvise ailier lors des passages en défense à 3, quand Hajji ne peut revenir à temps. Résultat des courses ? Un seul but encaissé en 5 matchs de coupe du trône, 5 buts encaissés (tous en déplacement) sur un total de 10 rencontres de la coupe de la CAF. Un milieu imposant et porté vers l'avant Entre un 4-3-3 et un 4-4-2 plus défensif, l'équipe arrive à permuter sans grande difficulté, et ce, grâce à la polyvalence de plusieurs joueurs, comme Dahmani, Berrabeh, El Basri, Bamaamer ou encore le jeune Diop. Autant de joueurs qui tournent autour du Maestro de l'équipe : un certain Chemseddine Chtaibi. Sans ce joueur phénoménal, le Mas n'aurait certainement pas gagné la super coupe, puisqu'elle ne se serait même pas qualifié à la finale de la CAF : En effet, des millions de personnes se rappelleront encore et toujours de la frappe à bout portant de ce jeune milieu de terrain à la 97ème minute du match contre l'Interclube ... un tir qui a finit dans la lucarne droite du gardien adverse et qui a qualifié, au bout du suspens, une équipe de Fès qui commençait à être résignée devant plus de 50 000 spectateurs venus de toutes les villes du royaume. Ce même Chtaibi est d'ailleurs entré dans l'histoire du football national pour avoir remporté 3 coupes, dont 2 continentales en 2011-2012 avec le Mas, un an après avoir réalisé un doublé Coupe du trône-Coupe de la Caf avec le Fus de Rabat ... Les autres équipes de la Botola suivent très certainement ce joueur « porte-bonheur », mais celui-ci reste très attaché au club de la capitale spirituelle qui devrait lui permettre, à coup sûr, de frapper à la porte de l'équipe nationale. Une attaque alliant jeunesse et expérience ... avec de la volonté à revendre !! Ayatti et le tout jeune Halhoul sur les côtés, Abourrazouk en pointe et voilà les 3 joueurs les plus utilisés sur le front de l'attaque Fassie, permutant entre le 4-3-3 et le 4-4-2 où l'ancien joueur du Chabab Rif El Hoceima décroche énormément pour aider et renforcer le milieu de terrain, avant de céder sa place à d'autres joueurs. En effet, avec un banc largement bien fourni, l'équipe ne manque pas de remplaçants de qualité qui peuvent tout à fait tenir le rang : El Bassil, bien que très peu utilisé ces derniers temps, mais aussi Tigana et Jefferson prouvent à chaque occasion qui se présente qu'ils peuvent apporter un plus à cette équipe, même s'il est clair que le nombre de but par match (1,25) n'est pas fameux. Peut-on vraiment exploser ce ratio au sein d'un championnat où chaque équipe a pour principal but de ne pas perdre avant de penser à la victoire ? A vous de juger !! Des supporters ... et les Fatal Tigers Une équipe travaille fort et se motive dans le but de satisfaire ses supporters, surtout quand ces derniers jouent vraiment le rôle du 12ème homme et poussent l'équipe à aller de l'avant, même quand les résultats ne suivent pas. De ce fait, on ne peut parler de la réussite actuelle de l'équipe sans évoquer les Massawis en général, et le groupe des Fatal Tigers en particulier : Match après match, ces jeunes suivent leur équipe aux 4 coins du royaume, et préparent des Tifos dignes de ce nom pour chacun des grand évènements, et ce, avec des moyens financiers très limités. Messieurs, en un mot ... Bravo !!! Qu'on se le dise, le Mas de Fès ne sera très certainement pas champion cette année et ne pourra probablement pas signer un quadruplé. Cependant, avec un groupe aussi soudé que celui qui vient de dompter l'Espérance de Tunis, avec un tel courage, une telle envie et une telle organisation, l'ensemble des marocains peuvent espérer voir les jaunes et noirs triompher de nouveau cette année sur la scène africaine... C'est tout le mal qu'on souhaite à cette équipe qui ne porta pas seulement ses couleurs sur le sommet de l'Afrique, mais aussi et surtout le drapeau rouge et vert. Le Mas de Fès est certainement passé par des périodes difficiles et interminables avant de tirer les fruits d'un travail de fond réalisé par un bon technicien dans un cadre idéal ... Aux supporters désormais de laisser le temps à l'équipe nationale de faire de même, dans le but d'arriver à des résultats aussi impressionnants. M. Proust disait bien à son époque qu' « il n'y a pas de réussite facile ni d'échecs définitifs ».