« On a l'impression que les choses n'évoluent pas. Koulibaly a été victime de terrorisme psychologique », a estimé jeudi 27 décembre sur franceinfo Abdeslam Ouaddou, ancien international marocain. Le joueur avait lui-même été victime d'insultes racistes lors d'un match en 2008 entre son club de Valenciennes et le FC Metz. Il réagissait après que le défenseur sénégalais de Naples Kalidou Koulibaly a subi de nombreux cris racistes lors d'un match contre l'Inter Milan le 26 décembre. Le club a depuis été sanctionné de deux matchs à huis-clos à San Siro. franceinfo : Comment avez-vous ressenti ces nouvelles insultes racistes ? Abdeslam Ouaddou : C'est odieux d'entendre ça encore, quasiment 11 ans après ces propos reçus à Metz. On a l'impression que les choses n'évoluent pas. Koulibaly a été victime de terrorisme psychologique. Quand un joueur est touché comme cela par une avalanche de balles, qui le touchent au plus profond de sa chair, de sa dignité, que font les gendarmes du jeu ? Que font les garants du jeu et de l'intégrité physique et morale de ce joueur ? On peut dire que Koulibaly a été laissé seul dans le stade, sans que personne ne puisse l'assister dans ce fléau. A l'époque, vous aviez protesté vivement contre ces injures racistes ? C'était un terrible moment ce soir-là. J'en avais fait part à l'arbitre de ce match, à plusieurs reprises, au moins trois ou quatre fois. Mais au lieu d'intervenir, comme les textes lui permettent de le faire, il avait décidé d'adopter la politique de l'autruche, tout comme l'arbitre italien avec Koulibaly. A la mi-temps, j'ai décidé d'aller m'expliquer avec cet arbitre. Sauf que lorsque je suis revenu sur la pelouse pour la deuxième mi-temps, j'ai écopé d'un carton jaune.Pour vous, quelle est la bonne réaction ? C'est aux arbitres, aux entraîneurs, aux coéquipiers d'intervenir ? Ou à l'adversaire ? Comment un adversaire peut-il tolérer cela ? Comment des gens dans un stade peuvent-ils tolérer cela ? Surtout quand on nous apprend depuis tout petit que le football véhicule des valeurs de fair-play et de solidarité. Koulibaly a été laissé au dépourvu sans que les instances n'interviennent, sans que l'entraineur adverse ne puisse intervenir. A un moment, il faut prendre des décisions draconiennes et arrêter la partie. Quand l'entraîneur de Naples Carlo Ancelotti dit en conférence de presse d'après-match que « la prochaine fois, on s'arrêtera », a-t-il raison ? Ou aurait-il dû le faire dès hier soir ? À partir du moment où beaucoup de choses ont été tentées, de sensibilisations ont été mises en place pour lutter contre ce fléau et que ça ne marche pas, je considère qu'il faut adopter des positions radicales, même si elles ne plaisent pas à de nombreuses personnes. Certains me disent qu'on ne peut pas prendre le football en otage. Mais on ne peut pas non plus regarder un joueur se faire tirer dessus psychologiquement pendant tout un match et ne rien dire. C'est du terrorisme psychologique.